Hommage: Diego n’est pas mort parce que le football est toujours en vie.

MEXICO CITY, MEXICO - JUNE 29: Diego Maradona of Argentina holds the World Cup trophy after defeating West Germany 3-2 during the 1986 FIFA World Cup Final match at the Azteca Stadium on June 29, 1986 in Mexico City, Mexico. (Photo by Archivo El Grafico/Getty Images)

Difficile de ne garder qu’une seule image de lui. Qu’une seule action décisive ou d’énumérer ses nombreux records. Impossible de résumer le ” dieu”

Diego Maradona est décédé à l’âge de 60 ans d’un arrêt cardiaque. Le plus grand joueur argentin de l’histoire avait été opéré début novembre d’un hématome sous-dural à la tête. Opéré avec succès, le champion du monde 1986 avait quitté l’hôpital le 11 novembre dernier.

Une légende du football

le nom légende est issu du latin legenda (ce qui doit être lu). Il peut être défini comme un récit imaginaire, élaboré à partir de faits historiques réels et destiné à magnifier un personnage ou un événement passé.

C’est précisément la définition que nous pourrions faire de Maradona. Pur récit de l’Histoire Argentine, véritable figure du peuple, ce dernier s’est éteint l’âge de 60 ans hier soir.

En dépits de tous ses excès, Maradona, c’était une légende du football qui avait deux rêves. Disputer une Coupe du monde et la gagner. Un rêve qui se réalise en 1986.

Né à Buenos Aires, Maradona restera à jamais le “diez”, le numéro dix, capable de marquer les plus beaux buts de l’histoire, à l’instar du roi Pelé, finalement son seul rival.

Et malgré un Mondial 1982 raté et une Coupe du monde 1990 perdue en finale et marquée par les sifflets italiens à son encontre, Diego Maradona (34 réalisations en 91 sélections) a aussi été élu meilleur joueur de l’histoire des Coupes du monde par le Times, devant Pelé et Beckenbauer.

El Pibe de oro

Issu des quartiers pauvres de Buenos Aires, le “Pibe de oro” (“gamin en or”) est tombé dans le chaudron de la Bombonera, le stade du club Boca Juniors, quand il était petit.

Dribbleur hors pair capable de mystifier les défenses, Maradona restera le symbole et capitaine incontesté de l’Argentine. Sous les couleurs de l’équipe nationale pendant 17 ans (1977-1994), le légendaire numéro 10 a marqué 50 buts en 115 matches et offert à son pays la deuxième Coupe du monde de son histoire en 1986.

Deux images résument sa vie. La première remonte à 1986, un soir de finale de Coupe du Monde, dans le mythique stade Aztèque de Mexico, où le joueur de 1,65 m n’est qu’un immense sourire brandissant le trophée mondial. Il est au sommet de son art. Et la seconde, avec son but inscrit de la main contre les Anglais en quarts de finale a fait hurler de joie tout un peuple qui a accepté l’explication improvisée et géniale de Maradona : “la main de Dieu”.

Il n’y a pas qu’en sélection que Maradona a fait parler de lui. En club, après avoir goûté à la drogue dans le barrio Chino de Barcelone, où il a joué deux saisons (1982-1984), son accoutumance n’a pas faibli pendant ses années de gloire à Naples (1984-1991), club où il est adulé pour lui avoir fait gagner les deux seuls titres de champion d’Italie de son histoire, en 1987 et 1990.

Mais Maradona a payé cher cette célébrité qu’il n’a jamais su gérer. Sali par les scandales, sous le coup d’une suspension de deux ans pour un nouveau contrôle positif en 1994, il quitte officiellement le monde du football, à 37 ans, le jour de son anniversaire.

Main de Dieu»

L’aura de ce dribbleur hors pair a en effet dépassé le cadre des passionnés de football, tant Maradona a marqué les esprits par ses buts et ses mouvements spectaculaires balle au pied comme ses excès, oscillant entre grandeur et flamboyance, déchéance, drogue et polémiques.

Le légendaire numéro 10 a aussi étincelé en équipe nationale, sous le maillot de l’Albiceleste qu’il a porté 91 fois pour 34 buts.

Son but de la main contre l’Angleterre en quart de finale du Mondial-1986, qu’il avait aussitôt rebaptisé «main de Dieu», restera comme l’une des images les plus mémorables de l’histoire du football, tout comme son second but, tout en dribbles et en culot, dans cette rencontre au stade Aztèque de Mexico.

Après une finale perdue en 1990 contre l’Allemagne, son histoire avec le Mondial finira mal, par une exclusion lors de l’édition 1994 après un contrôle antidopage positif. Le crépuscule sportif pour Maradona malgré plusieurs tentatives de retour.

Moins retenus, ses passages sur les bancs des entraîneurs l’auront mené de la sélection argentine (2008-2010), au Mexique, et finalement au Gimnasia La Plata en Argentine, où il exerçait encore juste avant sa mort.

Si la planète savait la santé du «Pibe de Oro» fragile, l’annonce de son décès a entraîné un déluge de tristesse et d’éloges dans le monde du ballon rond, où seul le Brésilien Pelé (80 ans) rivalise dans le classement informel des plus grands de l’histoire.

Celui-ci s’est ému sur Instagram d’une «triste nouvelle». «J’ai perdu un grand ami et le monde a perdu une légende (…) Un jour, j’espère qu’on pourra jouer au foot ensemble au ciel», a écrit le «Roi» Pelé.

«Le plus grand»

Son compatriote Lionel Messi, autre génie argentin avec lequel il a entretenu une relation complexe, a affirmé sur Instagram que Maradona «nous laisse mais il ne s’en va pas, parce que Diego est éternel». «Je garde en moi tous les beaux moments vécus avec lui», a écrit «La Pulga».

Le Portugais quintuple Ballon d’Or Cristiano Ronaldo a lui dit adieu à «un génie éternel» et «un magicien inégalable», tandis que l’ex-meneur de jeu français et ancien dirigeant de l’UEFA Michel Platini a indiqué à l’AFP que «Diego Maradona restera dans le coeur des Napolitains, dans le coeur des Argentins (…) comme une étoile, et pour l’éternité».

«C’est une perte énorme pour le monde en général, et pour le monde du football. J’ai gravé dans ma tête son Mondial-1986», a dit le Français Zinédine Zidane, champion du monde 1998.

«Ce que Diego a fait pour le football, pour nous faire tous tomber amoureux de ce sport merveilleux, est unique (…) Il mérite notre gratitude éternelle», a pour sa part réagi Gianni Infantino, le président de la Fifa, une organisation avec laquelle le défunt a toujours entretenu des rapports conflictuels.

«Merci éternel. Eternel Diego», a sobrement réagi Boca Juniors, le club argentin où le génial N.10 a séduit l’Europe, en 1981-1982, avant son départ pour le FC Barcelone (1982-1984) et Naples (1984-1991). «Pour toujours, ciao Diego», s’est incliné le club italien.

«Tu nous a emmenés sur le toit du monde. Tu nous as rendus immensément heureux. Tu as été le plus grand de tous. Merci d’avoir existé, Diego», a déclaré le président de l’Argentine, Alberto Fernandez

 

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