Premier League: Comment le Hard Brexit va bouleverser le football anglais- par Djiby Sow

Depuis le vote populaire de juin 2016, instituant ainsi la sortie de la Grande-Bretagne de l’Union Européenne, les autorités britanniques ont entamé des discussions pour une rupture négociée (Soft Brexit) ou un divorce radical (Hard Brexit.) Les conséquences économiques de cette sortie sont connues mais celles sportives soulèvent encore des débats.

Le début du Mal

Pour la Premier League, le Brexit reste une question assez complexe, tant son dénouement va bouleverser le football anglais. Il y a 24 ans, la Cour de Justice européenne, suite à l’interpellation de Bosman, avait rendu le célèbre arrêt stipulant la libre circulation des joueurs à la fin de leur contrat et la fin des quotas de joueurs étrangers dans les cinq (5) grands championnats. Pour l’Europe du football, c’était le début d’une nouvelle ère mais pour le football anglais, l’agonie insoupçonnée s’approchait déjà. Depuis cet hiver de décembre 1995, les clubs anglais ont changé de paradigme, abandonnant leur centre de formation pour se lancer dans le recrutement massif de joueurs étrangers. Certains clubs – à l’image d’Arsenal et de Chelsea- vont même jusqu’à donner une feuille de match sans que le nom d’un Anglais n’y figure. Résultats : l’équipe nationale d’Angleterre n’est qu’une constellation d’étoiles qui peine à franchir les 1 /2 d’une compétition européenne, et les grands clubs anglais-hormis la période faste de 2006-2009 -connaissent le même sort.

Vers une Premier League So British…

Ainsi, un hard Brexit reviendrait à redéfinir les frontières entre l’Europe du football et la Premier League. La Grande-Bretagne ne devra plus se plier aux lois européennes et aura une main sur sa politique d’attribution des permis de travail. Cela dit, un joueur non-britannique sera considéré comme un extracommunautaire, autrement dit un Africain aura le même statut qu’un Européen. Sur ce point, la Fédération anglaise est claire : tout joueur étranger doit avoir un certain pourcentage de matchs avec son équipe nationale pour pouvoir jouer en Angleterre. Donc, un jeune comme Laporte n’aurait jamais pu évoluer en Premier League post-Brexit parce qu’il n’a jamais joué avec la France. Cette nouvelle configuration va permettre aux jeunes anglais de monnayer leur talent en équipe première dès leur maturation.

L’épine de la rose…

Outre ce règlement corsé de la FA, c’est surtout l’avenir financier des clubs anglais qui est en jeu. Alors que la Livre continue de perdre sa valeur par rapport à l’euro depuis l’annonce du Brexit, les clubs anglais devront faire avec ces nouveaux taux de change. Chaque opération financière vers la zone euro (paiement de salaire d’un joueur ou acquittement d’un transfert) obligera le club à hausser le montant.
In fine, ce Brexit, c’est surtout l’expression d’une vox populi meurtrie par les échecs répétés au cœur d’une Union qui n’en a cure. Une Union qui, quoique l’on puisse dire, est à l’origine des dérives du football moderne car la réalité est que, me semble-t-il, l’acceptation du second point de l’arrêt de Bosman était une bévue pour le football anglais.

Djiby Sow, Suiveur des divisions inférieures anglaises