Parution – Auteur du livre «Regards croisés sur le football sénégalais des indépendances» : Pr Abdoulaye Sakho : «Donner la parole à ceux qui savent»

 

Recueillis par Hyacinthe DIANDY – «Regards croisés sur le football sénégalais des indépendances» : c’est le titre d’un livre du Professeur Abdoulaye Sakho qui vient de paraître. Cet ouvrage d’une centaine de pages, préfacé par l’ancien ministre de l’Agriculture, le Dr Papa Abdoulaye Seck, est marqué, entre autres, par le récit assaisonné d’anecdotes de Feu Youssoupha Ndiaye sur les Jeux de l’Amitié de 1963. Professeur de Droit, chercheur au Cres, spécialiste du Droit économique, fondateur du Master Droit de la Régulation et du Master Droit du Sport, le Pr Sakho, directeur de l’Institut Edge, «réécrit» son livre avec Le Quotidien.

Qu’est-ce qui a motivé la parution de ce livre ?

Ce sont des discussions dans un groupe WhatsApp qui ont justifié l’écriture de ce livre. On est un groupe d’hommes et de femmes qui avons le bonheur d’avoir partagé les classes et la cour d’un lycée : le mythique Lycée Blaise Diagne de Dakar (Promo-LBD). Dans ce groupe on discute assez souvent de nos souvenirs même si nos priorités demeurent la recherche permanente des moyens de réaliser les objectifs de notre association parmi lesquels, la contribution à l’amélioration des conditions d’études des élèves actuels. C’est à l’occasion d’un de ces échanges que l’idée a germé de faire de nos discussions des écrits pour la génération actuelle. Ce n’est pas que dans le sport d’ailleurs, car il y a aussi des projets sur la poésie, la littérature, la diplomatie. Tout est coordonné par notre ami, ancien directeur du Livre et pilier de notre association, Monsieur Abou Mbow. Au moment où je vous parle, une de nos camarades de promotion, Madame le Professeur Adama Sidibé, a vu ses écrits dans le groupe WhatsApp transformés, avec l’aide de M. Mbow, en un joli livre avec un titre évocateur, «Glissades». Elle aura certainement l’occasion d’en parler publiquement.
Ceci dit, pour notre génération, aujourd’hui, avec le recul et l’âge, les passions ont cédé la place à l’analyse. La participation à la vie de la cité est devenue permanente. Le constat a été fait que la société sénégalaise oublie très vite. Nous avons donc, voulu participer à un devoir de mémoire comme le dit si bien le Docteur Papa Abdoulaye Seck, président de notre association, dans sa Préface. En ce sens, on a donné la parole à ceux qui savent pour nous entretenir sur ce qui est très certainement l’une des périodes les plus fastes, certainement la plus faste, du football sénégalais.

Par rapport aux choix, pourquoi les regards de Youssoupha Ndiaye «DU DEDANS» et Oumar Dioum «DU DEHORS» ?

C’est justement pour répondre à cette préoccupation consistant à faire parler ceux qui savent. Mais ceux qui savent non pas par les livres seulement, mais aussi et surtout, par leur vécu et leur expérience. Cette approche est, à mon avis, une nécessité rationnelle, en ces temps où tout le monde est expert en tout. Cela est surtout vrai pour le monde du football.
C’est donc cette méthodologie qui a justifié les choix de nos interlocuteurs qui sont deux acteurs légitimes de la période considérée. Yous­soupha Ndiaye pour son activité de joueur du onze majeur sénégalais qui es sorti vainqueur du tournoi et Oumar Dioum pour sa connaissance encyclopédique du football de cette époque. L’un était dedans et l’autre a observé du dehors. J’espère que les lecteurs ne seront pas déçus.

Justement un mot sur Feu Youssoupha Ndiaye qui vous a marqué ?

Je ne l’ai pas connu personnellement. J’avoue toutefois que j’ai encore plus apprécié, à la lecture de ses propos, la personnalité de ce grand Monsieur. Je suis émerveillé par la capacité qu’il a eu d’allier le haut niveau dans son sport et dans ses études de droit. Mon avis est qu’il faut le donner en exemple aux jeunes sénégalais. Je crois que son passage sur terre n’aura pas été vain, il a procuré du plaisir aux Sénégalais par le biais du sport et il a servi son pays en occupant des positions remarquables dans la marche du Sénégal. Que Dieu l’accueille au Paradis céleste. J’avoue être en admiration devant un tel parcours.

Y’a aussi le ministre, le Dr Papa Abdoulaye Seck, auteur de la Préface ?

Oui. Son Excellence, c’est notre Président. Il tient très bien la barque «Promo LBD». C’est un savant dans son domaine. C’est aussi un grand sportif et un connaisseur du football de cette période. Ma seule divergence d’avec lui, c’est qu’il est de la JA et moi du Jaraaf (rires). Je ne désespère pas de le débaucher un de ces jours. Trêve de plaisanteries, s’il était à Dakar, il aurait été votre interlocuteur parce qu’il dispose d’une légitimité supérieure à la mienne. Oui, il est l’un des mieux placés pour parler de Youssou Ndiaye et de notre groupe d’anciens du LBD. Il le dit d’ailleurs dans sa préface dont je recommande fortement la lecture.

D’une manière générale, qu’est-ce qui vous a marqué par rapport au football des indépendances et comment voyez-vous le futur du foot sénégalais ?

La réponse à votre question se trouve dans le livre et dans les entretiens. Je retiens quelques points : ces jeux de l’Amitié étaient une Can avant la lettre avec 17 équipes nationales dont une hors de l’Afrique. Youssoupha Ndiaye regrette beaucoup ce discours consistant à dire que le Sénégal n’a jamais rien gagné au football. Les conditions du succès sénégalais à cette compétition ne sont toujours pas réunies par nos sélections actuelles truffées de stars : les entretiens démontrent que l’équipe était dans une logique de «gagne», isolée en regroupement avec presque pas d’ingérence extérieure, que l’encadrement technique ne lésinait pas sur la discipline de groupe ; un joueur avait même été exclu du regroupement pour raisons de discipline et un autre, averti. Enfin, je crois que le public avait totalement collé à son équipe et supportait très bien. Bref, il me semble qu’il y avait un collectif tourné vers un but précis. Tout le contraire de ce qu’on vit dans le football moderne avec une montée en flèche de cette sorte de dictature des statistiques individuelles qui tue à petit feu le foot. L’avenir du football sénégalais est dans ce que veulent en faire les Sénégalais. Soit un football tourné vers le développement des compétitions internes et la construction d’un marché du foot interne à notre pays et donc voir ainsi la possibilité pour nos jeunes de s’épanouir et de travailler au pays. Soit un football tourné vers l’extérieur et produisant des footballeurs pour les marchés extérieurs qui ne sont pas forcément en Europe ou au Maghreb car, nous exportons même vers des pays qui ne sont pas plus riches que nous (Guinée, Mauritanie etc.). A nous de voir !

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