Litige Olympique de Ngor – US Orléans : L’affaire devant les juridictions françaises
Déjà en grande difficulté au niveau sportif, l’US Orléans doit faire face également à une actualité extra-sportive très chargée. Après les zones d’ombre du recrutement estival, la révélation des commissions touchées par Anthar Yahia sur les transferts et la séparation avec son manager général , voici maintenant le club sénégalais de l’Olympique de Ngor qui réclame 570.000 euros à l’US Orléans. “Je suis serein”, affirme Philippe Boutron, le président orléanais à La Rep’.
Remontons en septembre 2015 pour y voir plus clair dans cette affaire. L’Olympique de Ngor et la SASP US Orléans Loiret Football signent une convention, que nous avons pu consulter. Ngor s’engageait à recruter et former des footballeurs au Sénégal pour le compte du club orléanais (article 2). En contrepartie, ce dernier devait verser 40.000 euros par saison et surtout 40% du montant en cas de transfert d’un joueur de l’USO, venu du Sénégal, vers un autre club (article 4).
Ngor réclame sa part
Tout s’est bien passé lors de la première saison, mais cela a coincé dès la deuxième. L’USO stoppe ses versements et Philippe Boutron dénonce la convention en octobre 2017. Mais quand Yannick Gomis est transféré de l’US Orléans à Lens en juin 2018, l’Olympique de Ngor réclame sa part, pour un total de 570.000 euros.
Une somme que décompose Me Mazur, avocat du club sénégalais. “Cela correspond aux 81.000€ dus au titre de deux annuités (non payées par le club orléanais), plus 366.000€ ( 40% de 915.000€, montant du transfert de Gomis à Lens) et 123.000€ (40% des 307.500€ liés au droit de suite)”, c’est-à-dire le montant touché par l’USO dans le cadre du nouveau transfert de Yannick Gomis, cette fois de Lens à Guingamp, l’été dernier.
“Je n’ai rien reçu, pas un euro”.
RÉMY JUTEAU (Fondateur de l’Olympique de Ngor)
“Je n’ai rien reçu, pas un euro !”, certifie Rémy Juteau, fondateur de l’Olympique de Ngor, venu à Orléans il y a peu pour alerter les médias orléanais, mais aussi pour suivre l’évolution judiciaire de l’affaire. Après une tentative de règlement à l’amiable qui a échoué (“Monsieur Boutron fait comme s’il ne nous connaissait pas alors que nous nous sommes vus à plusieurs reprises au stade de La Source”), l’Olympique de Ngor a assigné le club orléanais devant le tribunal de commerce d’Orléans.
Une créance bloquée
En attendant le jugement de fond, le club sénégalais a obtenu du tribunal de grande instance d’Orléans l’autorisation de saisir une partie de la créance. Une somme de 301.000 euros est donc bloquée au niveau de la Ligue de football professionnel sur les droits audiovisuels revenant au club orléanais.
L’US Orléans a ensuite demandé la levée des séquestres. L’affaire a été plaidée ce 2 décembre et mise en délibéré au 4 février 2020. “Monsieur Boutron tente par tout moyen de ne pas honorer une convention régulièrement passée en toute transparence”, affirme Me Mazur qui ose ce commentaire : “Les difficultés économiques rencontrées par le club orléanais lui interdisent de pouvoir honorer le règlement de sa dette.”
Claude Fousse, le signataire
Des propos qui ont fait sortir Philippe Boutron de ses gonds. “Il se permet d’émettre des doutes sur nos finances. Je ne sais pas d’où il tient cela car on est passé devant la DNCG sans aucun problème”, explique le président orléanais. “Déjà, il faut savoir que quand il a entamé la procédure, il n’était plus président. Il a été viré.” Rémy Juteau répond: “Effectivement, mais sans les versements de l’USO, je ne pouvais plus boucler mon budget.”
“Ensuite, en tant que président de la SASP, je n’ai jamais signé de contrat avec l’Olympique de Ngor”, affirme Philippe Boutron. Effectivement, la convention est signée par Claude Fousse qui n’a jamais été président de la SASP, mais seulement principal actionnaire et président de l’association.
“Cela est fait par les mêmes personnes et ça va leur chauffer. Voler des documents, ce n’est pas très glorieux. Ca suffit ! La coupe est pleine.”
PHILIPPE BOUTRON (Président de l’US Orléans)
“Enfin, Yannick Gomis était libre de tout engagement quand il a signé chez nous. Il y a le TMS (Transfert Matching System), document officiel de la FIFA. Il n’était plus sous contrat avec Ngor. On est dans nos droits.”
Mais Philippe Boutron ne veut pas s’arrêter là. “On va déposer plainte contre X pour vol de documents. Il y a eu le contrat d’Anthar Yahia, certains courriers et maintenant le contrat de vente de Gomis à Lens. Cela est fait par les mêmes personnes et ça va leur chauffer. Voler des documents, ce n’est pas très glorieux. Ca suffit ! La coupe est pleine.”
Patrick Paumier