Europe / Afrique : La colonisation sportive en marche…
Aujourd’hui le football Sénégalais traverse une menace très grave : celle de voir son activité réduite aux compétitions du dimanche, et sa souveraineté vassalisée aux ligues européennes.
En effet depuis quelques temps, on note une politique expansive des clubs et des ligues en dehors des états européens. Si dans un premiers temps le phénomène a d’abord concerné les états Américains et Asiatiques à travers ce que l’on peut appeler un fan Relationship, qui a pour but essentiel d’élargir leur base affective, augmenter leur vente de biens et de produits sportifs( sponsoring droits télé, produit dérivés), la cible de nos jours reste les pays du Maghreb et l’Afrique subsaharienne.
Il y a donc lieu de tirer sur la sonnette d’alarme, quand on sait que, contrairement aux pays du Maghreb et de l’Afrique du Sud, qui sont friands de leur championnat et possèdent une économie nettement émergeante, nous avons pour notre part au sud du sahara, une économie faible, un championnat professionnel proche de l’amateurisme et des clubs pauvres qui jouent devant des gradins presque vides
Cette stratégie marketing qui est très visible dans nos pays, en attestent les démarches de la ligue Espagnole et de la ligue Française, n’a pour but en définitive, que de faire de nous, des colonies sportives dont les attributs se limiteraient à fournir de la matière première : nos talents, et à consommer le produit du spectacle auquel ces derniers contribuent largement.
Concrètement il s’agit de venir recruter les talents de nos championnats avec des contrats dérisoires, des miettes, les faire jouer dans leurs ligues pour qu’on les voit et apprécie, et ensuite les vendre à coup de milliards. Pour finir, et au même moment ils captent notre attention comme spectateur indirect à travers leurs compétitions.
En cela le manque à gagner est énorme. Non seulement on nous prend nos jeunes talents à vil prix, mais ils nous coupent toutes possibilités de revenus en vidant nos spectacles de tout intérêt pour les sponsors et pour les télés. Nous devenons ainsi, sans que cela nous concerne réellement, des inconditionnels du BARCA, du Réal, du PSG, de Liverpool etc. au détriment de notre football.
Dans ces conditions, jamais notre sport se développera. Nous avons besoin d’une rupture nette avec le legs de la colonisation, rompre les amarres et repenser notre football.
Voilà les raisons qui nous poussent à dire que le point départ pour le développement de nos clubs est l’Etat, qui a le devoir de considérer le sport en général et le football en particulier comme un secteur économique à part entière, ce qui suppose qu’il lui crée des règles et des normes propices à son épanouissement.
A notre avis, comme nous disions dans notre premier post, nos petits états ne sont pas viables pour un football professionnel identique aux ligues européennes ou américaines, car l’environnement pertinent des clubs n’offre point les mêmes opportunités, à savoir niveau de consommation de biens et services, zones de chalandises, macrocéphalie de villes et faible population.
A la limite on pourrait penser à une ligue professionnelle au sein de la zone UEMOA (notre sujet de mémoire master 2 Droit du sport).
Par contre on pourrait choisir d’arrimer notre football professionnel au football européens, ce qui nécessiterait un partenariat gagnant gagnant bien réfléchit, qui obéirait d’abord à une stratégie politique de la fédération et à une intelligence économique des entrepreneurs sportifs locaux.
Cependant la forme actuelle de nos clubs avec l’avènement des centres de recrutement et de formation qui obéissent d’abord aux intérêts des clubs étrangers avec leurs désirs et leurs lois, n’est pas de nature à développer le football national et ne va lui apporter ni les dividendes escomptés ni les performances stables souhaitées.
Nous avons plutôt besoin de partenariat équilibré, qui nous laisserait le choix de voir nos jeunes talents éclore chez nous, qu’ils contribuent à hisser le niveau de notre championnat, à augmenter les possibilités de commercialisation de notre spectacle sportif, avant qu’on ne les cède au juste prix, car ils auront acquis leurs valeurs entre temps.