EDF: Un sénégalais futur patron des bleus.
Pape Gueye, 21 ans, joue actuellement au Havre AC, dont il est le capitaine. Mais la Ligue 2 est un terrain de jeu bien trop petit pour ce grand gaillard que l’on surnomme « Pepa » et qui sera, un jour ou l’autre, le patron de l’équipe de France. Ce n’est pas une promesse. C’est une information.
Il y a des choses qui ne s’oublient pas. De la même manière que tout le monde se souvient à peu près de ce qu’il était en train de faire au moment où les tours du World Trade Center se sont effondrées, tout le monde se rappellera ce qu’il faisait ce lundi 3 février 2020 – à la condition d’être passé par le Stade des Alpes ou Canal+ Sport, ce qui exclut plus de 7 milliards d’êtres humains, mais tant pis pour eux. Sans prévenir, Pape Gueye a décidé de transformer un vulgaire match avancé de la 23 e journée de ligue 2 en masterpiece. Peu importe le décor, peu importe le déchet technique ou la trouille des joueurs qui l’entouraient, celui à qui Paul Le Guen a récemment confié le rôle de capitaine du Havre AC a estimé qu’il était temps de dévoiler un secret : un jour ou l’autre, Pape Gueye portera le brassard et les espoirs de l’équipe de France autour de son bras et sur ses épaules.
À l’échelle du Havre, ce match était un peu particulier. Pour la première fois de la saison, les Ciel et Marine jouaient sans leur star Tino Kadewere, blessé. Le buteur zimbabwéen a signé à Lyon cet hiver (15 millions et un prêt de six mois dans la foulée) et le boucan autour de cette transaction a permis au HAC de protéger son vrai trésor. Dragué par Valence et l’Angleterre, « Pepa » Gueye a décidé de ne signer nulle part. Son contrat arrive à expiration en juin et il se dit que le joueur n’envisage que deux solutions : rester au HAC avec le brassard de capitaine à la condition que le club monte en Ligue 1, ou rejoindre libre l’étranger tout en faisant ce que les Havrais appellent depuis 2008 « une Hoarau » , à savoir reverser l’intégralité de sa prime à la signature à son club formateur. Car chez Pape Gueye, il n’y a pas que le joueur qui est élégant, il y a aussi l’homme. Si le gaucher sait ce qu’il doit à son club formateur, c’est grâce à un savoir-vivre sincère, le genre de qualité qui explique pourquoi il fait l’unanimité dans le vestiaire havrais. Le genre d’attitude qui explique aussi par exemple pourquoi, lundi, quand Alexandre Bonnet, capitaine en début de saison et qui disputait son 400e match de Ligue 2, est entré en jeu, il n’a jamais envisagé de récupérer son brassard. Gueye est désormais plus légitime que n’importe qui pour être un chef de meute.
MATTHIEU PÉCOT