Chelsea : l’esquisse d’un nouveau destin-par Djiby Sow

Depuis la signature inattendue de Frank Lampard à Chelsea, tout semble revenir à la normale après une saison tumultueuse sous l’ère Sarri. Si l’arrivée de Franky a provoqué tant d’excitation chez les supporters blues, l’interdiction de transferts et l’inexpérience de Lampard font subsister des doutes. Certains croient aux histoires de super-héros, d’autres, pas vraiment

« Lampard who ? »

S’interroger sur Frank Lampard, c’est aussi revoir son passé de manager ; un passé si court qui se résume à une saison en D2 anglaise, l’antichambre de la Premier League. Son bilan est là : une finale de Play-off perdue face à Aston Villa. Mais, au-delà de cet exploit, que vaut Lampard vraiment ?

Autant on est tenté de saluer son mérite, autant on est en droit d’émettre des réserves. Réussir à concilier un public avec une équipe qui n’avait plus revu l’élite depuis 2007 est salutaire, redonner à une institution du football anglais sa grandeur l’est encore davantage.

Cependant, la saison de Derby County n’émerveille pas pour autant ceux qui ont suivi l’intégralité de la Championship. Lampard le sait, Pride Park, également. Son Derby était sans style particulier, plutôt joueuse et dynamique. Mais, c’était surtout une équipe qui réagissait plus qu’elle ne prenait d’initiatives à gagner un match.

Face à Manchester United en Cup ou Leeds United en ½ play-off, on a regardé une équipe sans projet visible, mais qui profite des temps faibles de l’adversaire. Les solutions offensives de derby reposaient sur deux joueurs : Harry Wilson et Mason Mount, tous les deux directement impliqués dans 33 buts de Derby cette saison.

Leurs absences ou leurs méformes mettaient complètement à l’arrêt les plans de jeu de Lampard. Au regard de ces matchs, l’on doute de Lampard pas parce qu’il est novice, mais plutôt parce que l’on attend beaucoup plus de lui à Chelsea

Welcome home, Franky !

Tout supporter de Chelsea, aussi pessimiste qu’il puisse être, a accueilli avec beaucoup d’enthousiasme l’arrivée de Lampard. Les légendes seront toujours les bienvenues. Lors de sa première conférence de presse à Stamford Bridge, il s’est évertué à expliquer qu’il comprend « le poste qu’il a entre ses mains » et des attentes qui en résultent.

C’est tant mieux, puisque dans l’histoire récente de Chelsea aucun entraîneur n’a fait l’unanimité, même le grand José Mourinho n’a pu échapper aux caprices de Stamford Bridge. Les conditions dans lesquelles il a atterri à Chelsea sont complexes : Chelsea est interdit de transferts pour avoir passé outre le règlement sur les recrutements de jeunes.

Un manquement qui va obliger Lampard à s’appuyer sur les jeunes de l’académie, longtemps dispersés en Europe à la recherche de temps de jeu. Un mal pour un bien, parce que jamais auparavant les jeunes de Chelsea n’avaient eu l’opportunité d’intégrer l’équipe A. D’ailleurs, le dernier jeune à avoir rejoint l’équipe et réalisé une belle carrière se nomme…John Terry.

Les grands chantiers de Lampard

D’emblée, Lampard va devoir mettre en place un projet de jeu collectif, car pour la première fois depuis 7 ans, Chelsea jouera sans son génie Eden Hazard. Mais, l’urgence à Chelsea concerne particulièrement l’attaque et la défense.

Ce sont là les deux compartiments de jeu qui témoignent de la faiblesse de Chelsea. Au cours de cette présaison, Chelsea a joué 7 matchs. Le bilan : 2 nuls, 4 victoires et 1 défaite avec 11 buts concédés et 18 buts marqués.

La première et probablement la seule satisfaction reste le milieu de terrain qu’il a très tôt bâti à son image, avec un Barkley et Jorginho devenus de vrais dynamiteurs d’espaces qui tentent des frappes de loin.

Ce but de Tammy Abraham face au Barca en finale de Rekuten Cup après un long pressing coordonné est le résultat d’une tactique bien adaptée à l’adversaire. Face à Salzburg également, tout était parfait : pressing intense, repli, verticalité à la récupération du ballon, appui-soutien-appel. Il s’agit là du grand fondement de ce Chelsea très rassurant et simple dans son football. Un legs de Maurizio Sarri peut-être…

Michy, Abraham et Giroud mèneront l’attaque de Chelsea cette saison, ce qui laisse planer le doute pour le moins légitime. Pour le jeune anglais, on pourrait l’exempter des doutes et espérer qu’il confirme ses deux précédentes saisons où il a planté 45 buts.

Il sera certainement le premier choix de coach. Dans un 4-3-3, Lampard aura à choisir, pour les couloirs, entre Willian, Pedro, Pulisic, Callum Hudson-Odoi, et même Mason Mount se retrouve dans ce registre s’il opte pour le 4-4-2.

Ce qui faisait la force de Chelsea au cours de ces 15 dernières saisons, c’était sa défense. C’est d’ailleurs la seule équipe de la Premier League à n’avoir concédé que 15 buts sur une saison. Lampard comprend donc toute l’importance d’une bonne assise défensive.

D’abord dans l’axe, quelle paire va jouer ? Fikayo Tomori (élu joueur de la saison 2018/2019) a été exceptionnel avec Derby où il était entrainé par Lampard. Idem pour le Français Kurt Zuma, un des hommes clés à Everton, et pour qui le nouveau manager a beaucoup d’admiration.

Andreas Christensen, moins engagé physiquement et Antonio Rudiger (toujours blessé) risquent de se retrouver sur le banc. A gauche, Emerson semble avoir convaincu Lampard, aux dépens de Marcos Alonso, trop critiqué pour sa lenteur. A droite, le jeune latéral anglais, James Reece, très prometteur, aura fort à faire pour remplacer le capitaine César Azpilicueta.

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