Omar Daf : «Il faut aller à la CAN avec ambition mais humilité»
Omar Daf :
L’ancien capitaine des Lions se prononce sur l’actualité liée à l’équipe nationale et se projette sur la prochaine CAN prévue en janvier-février. Omar Daf évoque également son club, le FC Sochaux, juché actuellement sur le podium de la Ligue 2 française, non sans aborder la reconversion de son ancien coéquipier, Habib Bèye, confirmé comme entraîneur de Red Star, club de National.
Quelle appréciation faites-vous de la qualification des Lions au dernier tour des éliminatoires du Mondial Qatar 2022 ?
Toujours beaucoup de fierté, parce qu’en tant que Sénégalais, on suit cette équipe de très près. Et j’encourage toujours Aliou (Cissé), parce qu’on sait que le boulot d’entraîneur est très difficile. Mais, en tout cas, il tient le coup, et continue à avancer. Je le soutiens, je lui souhaite le meilleur. Et j’espère qu’il va atteindre les objectifs qui lui sont fixés. Voilà, on voit que l’équipe progresse. Elle est première de sa poule et elle gagne. Donc, il faut féliciter Aliou.
Êtes-vous toujours au diapason de la vie de la sélection nationale ?
Oui, j’ai regardé tous les matches sans exception. Comme je l’ai dit tout à l’heure, je suis de très près cette équipe. Je pense que l’équipe progresse, elle montre de belles choses. Il y a une nette maîtrise sur les rencontres. Donc, c’est pour ça que je dis que Aliou fait du très bon travail. Qu’il atteigne ses objectifs est dans l’intérêt de tout le Sénégal et de notre football. Donc, on doit tous être derrière pour lui transmettre des ondes positives. Moi en tout cas, je lui donne beaucoup de force.
Quelle lecture faites-vous du comportement d’ensemble de cette équipe du Sénégal ?
Vous savez, aujourd’hui dans le football de haut niveau, il faut être très pragmatique. Et c’est ce qu’est en train de faire cette équipe du Sénégal. Aujourd’hui, on joue des qualifications où il faut être très efficace et très réaliste. On le fait. Après, en tant que technicien, je ne vais pas être critique. Je laisse l’entraîneur en place mettre la stratégie, parce que c’est lui qui est à l’intérieur avec son groupe. Mais, tout ce que je peux dire, c’est que je suis les résultats, je le soutiens et lui souhaite le meilleur.
N’est-ce pas un échec si le Sénégal ne remporte pas la prochaine CAN au Cameroun ?
La prochaine Coupe d’Afrique est taillée pour toutes les grandes nations africaines. Et je pense qu’elles seront au rendez-vous. Le Sénégal a une bonne équipe qui travaille et qui progresse bien. Mais il faut se mettre dans la tête que cette CAN, chaque édition, sera très disputée. À nous d’être humbles et de mettre toutes les chances de notre côté pour essayer de performer. Mais, en tout cas, j’ai confiance car je sais qu’Aliou travaille bien pour faire progresser l’équipe. J’espère en tout cas que ce sera la bonne.
Vous avez une grande expérience de la CAN, qu’est-ce qui peut jouer en défaveur de l’équipe du Sénégal ?
Effectivement, pour l’avoir jouée à 5 reprises, je sais que la Coupe d’Afrique est une compétition très difficile. Je pense qu’il faut y aller avec beaucoup d’ambition, mais aussi avec beaucoup d’humilité. Ma dernière CAN en tant que joueur c’était avec Amara Traoré (en 2012) et on pouvait dire qu’on avait l’une des meilleures équipes. Aujourd’hui, l’Algérie a une bonne équipe, tout comme le Maroc, la Tunisie, l’Égypte, la Côte d’Ivoire, le Cameroun… Il y aura beaucoup de prétendants, mais le Sénégal aussi a une très bonne équipe. Je pense qu’il faudra y aller avec beaucoup d’ambition et beaucoup d’humilité en même temps.
Le FC Sochaux, votre club, est sur le podium de la Ligue 2, qu’est-ce qui a été déterminant dans cette bonne tenue ?
Ce qui a été déterminant c’est le travail collectif qu’on a mis en place pendant la période estivale. Donc, là, je pense que sur les plans défensif et offensif, tous les joueurs savent très bien ce qu’ils doivent faire ; ce qui nous donne une certaine solidité. L’aspect le plus positif c’est qu’on ne prend pas beaucoup de buts et l’animation offensive est très bonne.
Mais alors qu’est-ce qui explique l’instabilité que Sochaux a connue dans le passé ?
C’est vrai qu’il y a eu des années avec beaucoup d’instabilité. Quand les dirigeants me demandaient de prendre le club en main, il était relégable. On venait tout juste de le vendre, il y avait de nouveaux actionnaires. Il y a eu beaucoup d’années compliquées. Et dans le football, il est préférable de travailler dans la stabilité et la continuité. Depuis deux ans maintenant, on sent cette stabilité. Petit à petit, on retrouve une certaine sérénité.
Comment êtes-vous parvenu à requinquer votre groupe ?
Les joueurs ont bien compris le projet de jeu que je veux mettre en place. Chaque année, on progresse, on est en haut du classement. Même si on n’en est qu’au début du championnat. Maintenant, il faut continuer à se stabiliser sportivement pour redonner une bonne image du club.
Quel objectif vous êtes-vous assigné ?
Avec les moyens dont dispose le club actuellement, l’objectif c’est de faire la meilleure saison possible. Donc, on va essayer, et je peux dire que c’est bien parti. Le collectif est bien là. On va essayer de rester là où on est le plus longtemps possible. Mais, comme on n’a pas énormément de moyens ni un effectif pléthorique, on va simplement tenter de faire la meilleure saison possible.
Quelles appréciations faites-vous de la reconversion de Habib Bèye, en tant qu’entraîneur ?
Habib Bèye est en train de se former, de passer ses diplômes. Il a eu l’opportunité aussi d’entraîner le Red Star. Donc pareil, je l’encourage parce qu’on a besoin de techniciens sénégalais qui puissent aussi montrer des choses en dehors du pays. Et je l’encourage à continuer sa formation et lui souhaite le meilleur. Je l’ai déjà eu au téléphone. On échange beaucoup et il connaît déjà les exigences de ce métier. En tout cas, depuis la fin de sa carrière de footballeur, il n’est pas loin du terrain. C’est un homme du milieu qui a toutes les potentialités pour réussir sa reconversion.
Le Sénégal du foot est toujours sous le choc, suite au rappel à Dieu de joseph Koto…
(Il soupire) Joseph Koto était quelqu’un de très humble, accessible, toujours avec la joie de vivre. À chaque fois que j’ai pu le croiser au Sénégal, il a toujours été égal à lui-même. C’est-à-dire beaucoup d’humilité. Il a énormément fait pour le football sénégalais en tant que joueur et en tant qu’entraîneur. À chaque fois j’échangeais avec lui au téléphone lors des compétitions avec l’équipe nationale, ou quand j’allais le voir au Sénégal. Aujourd’hui, on est très attristé par cette disparition. Il a travaillé avec mon cousin, Malick Daf. Et c’est quelqu’un avec qui je pouvais beaucoup échanger. Aujourd’hui, ce que je retiens de lui, c’est que c’était un homme discret, dévoué pour ce football. J’ai une grande pensée pour sa femme et toute sa famille. Je présente aussi mes condoléances à tout le peuple sénégalais, les sportifs et les éducateurs. Par Bacary CISSÉ.
RECORD.