Le statut des joueurs de la Ligue Pro sénégalaise : une déshumanisation passée sous silence-par Amadou Ba

Sadio Mané et les autres stars du foot sénégalais ne sont rien d’autre qu’un miroir aux alouettes, des trompe-l’œil qui jettent un voile assombrissant sur le quasi esclavage que subissent les joueurs de la Ligue 1 sénégalaise. À côté de ces réussites rutilantes et mirobolantes de nos Internationaux, se cachent des milliers d’échecs et de naufrage de joueurs locaux qui sont la proie d’une mafia qui ne dit pas son nom.

L’objet de mon courroux fait suite à une discussion que j’ai eue avec un joueur, Capitaine d’un grand club de la Ligue Pro sur leur statut juridique et conditions de travail en tant que salarié des clubs de foot. Ce qu’il m’a révélé frôle l’horreur. La précarité de leur statut n’est pas très éloignée du Code noir qui régissait les relations de travail entre Négriers et esclaves.

Voilà en résumé le statut d’un joueur de la Ligue Pro :

Il ne reçoit jamais un exemplaire de son contrat alors même que la loi exige la production de 4 exemplaires : 1 pour le club, 1pour le joueur, 1 pour l’inspection du travail, 1 pour la Fédération qui est chargée d’en transmettre une copie à la FIFA.

Privé de son exemplaire de contrat, le joueur souvent jeune et sans assistance n’en connaîtra jamais les clauses.

Il n’a aucune certitude que l’inspection du travail a enregistré son contrat pour pouvoir la saisir en cas de litige.

Il ne sait pas si le club s’acquitte de ses cotisations retraite auprès de l’IPRES telles que exigées par là le Code du Travail.

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Le joueur n’a pas de compte bancaire, son salaire lui est remis en liquide et il ne reçoit jamais de bulletins de salaire. Il peut rester plusieurs mois sans salaire dont le versement dépend de la trésorerie du moment du Club.

Privé de bulletin de salaire, de compte bancaire et de contrat, il ne peut pas prétendre à des prêts au niveau des Banques comme tous les salariés sénégalais.

Alors même qu’il est souvent engagé pour une durée de 2 ans, il ne reçoit plus de salaire à la fin du championnat. Donc, il n’est payé que pour la saison.

Même engagé pour 2 ans, il peut être licencié en cours de saison sans préavis de licenciement, sans indemnités, et sans solde de tout compte avec le bulletin de salaire et les droits à la retraite.

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Le joueur ne bénéficie pas chaque année de la visite médicale obligatoire qui n’est pas respectée par tous les clubs. Ceux qui s’acquittent de cette obligation, organise une visite médicale expéditive sans test cardiaque. Donc, certains joueurs de Ligue Pro reçoivent une licence de la Fédération sans le précieux sésame de la visite médicale.

Le joueur ne bénéficie pas d’une Assurance maladie, blessures ou décès. C’est le Club qui soigne celui-ci lorsqu’il est blessé en cours de saison sur ses propres fonds. Ce qui créé une grande incertitude lorsque la blessure est trop grave et le coût des soins exorbitant.

Les joueurs n’ont pas de Syndicat pour les défendre. Le ministère, la Fédération et les Clubs n’en font pas la promotion et beaucoup de joueurs ont peur de se faire virés s’ils adhèrent à ce syndicat.

Et pour refermer ce brouet de sorcière, le démarrage du championnat de Ligue Pro a été reporté jusqu’au mois de Décembre faute de budget suffisant pour couvrir les frais d’organisation.

Plusieurs questions aux autorités étatiques et sportives : Où sont passés les milliards du foot glanés par l’équipe nationale du fait de ses participations et performances au championnat d’Afrique et à la Coupe du monde ? Manifestement, l’argent a bel et bien couvert les bamboulas des dirigeants du foot en frais d’invitation de leurs familles et amis, leurs billets d’avion, perdiems et frais d’hôtels, et certainement pas au championnat de Ligue Pro.

Au vu de cette abjection sans nom, la responsabilité pénale de l’État, des clubs et de la Fédération est engagée individuellement et un solidium. Des mesures urgentes de sauvegarde doivent être promulguées avant l’ouverture du championnat et la délivrance des licences, inter alia :

La remise à tous les joueurs de leur exemplaire de contrat avec leur Club.

La remise sans délai du contrat à l’inspection du travail.

Un numéro de cotisation IPRES à chaque joueur.

Une Assurance risque individuelle souscrite auprès d’une Compagnie agréé par l’État couvrant blessures, maladies et décès. Le versement de salaires annuelle et non limitée à la durée du Championnat

La mention dans le contrat du joueur des indemnités de transfert, des primes de match et de licenciement.

Le paiement des salaires par virement bancaire obligatoire sur le compte du joueur pour servir de preuve de paiement effectif et régulier.

L’édition obligatoire des bulletins de salaire respectant un modèle unique diffusé par la Fédération et mentionnant les cotisations sociales, patronales, assurances et retraite.

L’adhésion obligatoire de tous les joueurs à leur syndicat professionnel pour mettre fin à la pression des Clubs et leur permettre de bénéficier des conseils d’un cabinet d’avocats dans les litiges et contentieux avec les Clubs sur leur transfert, salaires, primes et licenciement.

Ces propositions sont loin d’être exhaustives. Si le ministre Matar Bâ et les autorités du football ne réagissent pas face à cet esclavage que subissent les joueurs de la Ligue Pro, un collectif de Patriotes saisira la Justice pour

faire respecter le code du travail et les droits élémentaires des joueurs.
Une action vigoureuse sera entreprise auprès de la CAF, de la FIFA et surtout du Tribunal Arbitral du Sport (TAS) pour faire condamner l’État du Sénégal pour violation des règles de la FIFA et la mise sous tutelle de la Fédération jusqu’à sa mise en conformité.

 

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