Idrissa Gana Guèye: 10 ans de présence dans la tanière et peut-être pour longtemps encore

 

Il y a 10 ans, jour pour jour, Idrissa Gana Guèye débarquait en équipe nationale. Ce qui en fait le plus « ancien » de l’actuelle Tanière. Et vraisemblablement, il n’a pas terminé son bail avec les « Lions », selon différents spécialistes.

11/11/11 – 11/11/21 ! Ce jeudi 11 novembre, cela fait exactement 10 ans, jour pour jour, qu’Idrissa Gana Guèye étrennait sa première sélection avec les « Lions » du football. Et si ce soir à partir de 19 heures, il descend sur la pelouse du stade de Kégué, à Lomé, pour prendre part à la rencontre Togo – Sénégal (5ème journée des éliminatoires de la Coupe du monde « Qatar 2022 »), ce sera la 81ème fois qu’il défendra les couleurs de son pays avec l’équipe nationale A. Ce 11 novembre 2011-là, c’est Amara Traoré, alors entraineur national qui lance Gana, 22 ans, dans le grand bain, à la place de Dame Ndoye, à la 46ème mn d’un match amical disputé en France face à la Guinée (4 – 1). « À l’époque, c’est le staff de l’équipe A qui avait également en charge les Olympiques. Et avec Abdoulaye Sarr, on avait mené ces U23 jusqu’aux barrages et c’est le duo Karim Séga Diouf – Aliou Cissé qui avait finalement qualifié l’équipe aux JO de Londres », se souvient Amara Traoré qui avait déjà le joueur de Lille (L1 française) dans le viseur.

Le Sénégal venait de rater la Can 2010 en Angola et l’objectif était, d’après Amara Traoré, de « bâtir une équipe nationale compétitive et de préparer l’avenir ». C’est dans cet ordre d’idées qu’il avait fait venir Gana Guèye pour le voir à l’œuvre. Et si le joueur s’était relativement bien comporté, 45 minutes c’était peu suffisant pour se faire une idée. « Malheureusement, le match de préparation qui devait suivre ne s’est pas tenu, l’adversaire, la Côte d’Ivoire, s’étant désistée », regrette, aujourd’hui, Amara Traoré qui comptait sur cette rencontre pour se faire un avis définitif. Même si, par ailleurs, il avait noté depuis longtemps que « Gana, c’était la graine de champion, un futur grand, qui savait déjà récupérer et se projeter ».

C’est ainsi que la Can 2012 en Guinée équatoriale s’est disputée sans Gana Guèye. Et la déroute sénégalaise (3 défaites en autant de matches) avait emporté le « découvreur » du milieu de terrain de Lille que celui-ci n’a plus revu en équipe nationale. De retour dans la Tanière en février 2012 lors d’une rencontre face à l’Afrique du Sud sous Aliou Cissé et Karim Séga Diouf, l’actuel milieu de terrain du Psg n’en est plus ressorti. Au point que ce jour même, il fête ses 10 ans de présence en équipe nationale.

Ce qui n’est pas en soi un record, puisque pareille longévité – voire même mieux – on en a connu par le passé. « Oumar Diop de l’Asfa et Diakhou Gaye de la Police ont tenu dix ans », renseigne Mamadou Koumé, journaliste et formateur qui fait actuellement un travail de fond sur l’équipe nationale depuis l’indépendance. « Roger Mendy (1980-1992), Pape Fall (1980-1992) et Cheikh Seck (1984-1994) ont également duré en équipe nationale », informe-t-il avant d’ajouter que « Boubacar Sarr Locotte (1972-1986) et feu Christophe Sagna (1975 – 1986) ont cependant fait mieux ».

Histoire de primes

Locotte justement qui signale que sa fréquentation de la Tanière était devenue moins assidue après son départ en France « le 13 juillet 1973 » et une … suspension, en même temps que feu Alpha Touré, Assane Mboup, Bamba Diarra ou Malick Diallo, « pour une histoire de primes ». Si bien qu’en 14 ans sous le maillot national, l’ancien joueur du Psg et de l’Om ne compte « que 35 sélections ou 40 au maximum, puisqu’au début, on ne comptabilisait pas trop ». Alors, selon lui, que Gana Guèye puisse tenir 10 ans sans discontinuer en équipe nationale, « c’est la preuve que le garçon a une bonne hygiène de vie et montre un grand sérieux dans ce qu’il fait ». Ce qui n’est pas non plus pour surprendre Amara Traoré, le premier à avoir fait confiance au milieu de terrain du Lille Osc qui n’avait que 22 ans. « C’est quelqu’un de rangé, de très structuré et qui sait ce qu’il veut », témoigne-t-il.

Amadou Diop « Boy Bandit », ancien milieu de terrain de grande classe et capitaine de l’équipe nationale de la Can 1986 en Egypte, ajoute à cette guirlande de louanges, « la morphologie de Gana, petit de taille, mais suffisamment robuste pour enchainer les matches. Et comme en plus, il a le talent… »

Déjà à Diambars, son club formateur, Gana Guèye affichait ce sérieux et avait « un volume de jeu intéressant autant aux entrainements qu’en compétitions », ajoute Boubacar Sarr Locotte, sur la foi des témoignages des encadreurs de l’Académie de Saly. Cette bonne base, améliorée à Lille et encore plus développée en Angleterre puis consolidée avec le retour du milieu de terrain en France, au Psg, lui a permis de briller aujourd’hui au plus haut niveau. « A son arrivée au Psg, il était un peu timide. Or, c’est un joueur qui a besoin d’audace. En Angleterre, il faisait du « box to box », mais quand il est revenu en France, excepté son match époustouflant contre le Real Madrid, il n’avait pas trop osé. Peut-être aussi qu’il s’agissait pour lui de s’adapter ; car c’est très compliqué de jouer à Paris », avance Amara Traoré. Amadou Diop « Boy Bandit » confirme. « Ce n’est pas juste pour récupérer et relancer que le Psg était allé le chercher ».

De la classe de Gerrard et Pirlo

Et là, depuis quelque temps, « il a mis le paquet et a donné tort à ceux qui le reléguaient déjà sur le banc ou même changer de club », confirme Boubacar Sarr Locotte. « Le Gana nouveau a pris ses responsabilités, il prend plus souvent la profondeur, s’essaie aux tirs lointains et même marque des buts », ajoute Boy Bandit. Si bien qu’Amara Traoré se risque à dire du milieu de terrain des « Lions », que « c’est un joueur de dimension mondiale. De la classe des Steven Gerrard ou Andrea Pirlo ».

Même si le Parisien évolue au milieu de terrain, « un poste qui demande une grosse débauche d’énergie », Amara Traoré et Locotte le voient encore jouer longtemps en équipe nationale. « Il a une hygiène de vie et une personnalité de nature à lui faire franchir bien d’autres obstacles », soutient le premier. Quant au second, s’il prédit que « certains joueurs vont arrêter après la prochaine Can au Cameroun, Gana, lui, devrait continuer et continuer à encadrer les plus jeunes ». D’ailleurs, Amadou Diop Boy Bandit voit plus loin. Selon lui, « Gana ne fait pas son âge. Et il a une telle intelligence de jeu et un tel talent que s’il a la santé, il peut être encore en équipe nationale pendant plusieurs années ».

Et pour lui, c’est à l’entraineur national Aliou Cissé de le « libérer davantage, d’en faire le leader du milieu de terrain à l’instar de Sadio Mané qui est le leader technique et offensif de l’équipe ».

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D’AMARA TRAORÉ À ALIOU CISSÉ

Une place de plus en plus importante dans le jeu des « Lions »

Si Amara Traoré avait été le premier à offrir une cape en équipe nationale A à Idrissa Gana Guèye, le 11 novembre 2011 à Paris, face à la Guinée en amical et sur une seule mi-temps à la place de Dame Ndoye, il n’avait pas hésité à lui en donner une deuxième. « Je voulais le voir sur un match complet », rappelle le technicien, aujourd’hui président de la Linguère de Saint-Louis. Mais puisque le second match de préparation à la Can 2012, qui devait suivre face à la Côte d’Ivoire, ne s’était pas tenu, voilà comment le joueur du Losc d’alors avait raté le rendez-vous continental en Guinée équatoriale.

Mais ce n’était que partie remise, puisqu’à peine quelques semaines après le zéro pointé de la Can co-organisée par la Guinée équatoriale et le Gabon, Aliou Cissé et Karim Séga Diouf qui avaient remplacé Amara Traoré emporté par la bourrasque, avaient fait appel à lui, en février 2012, pour un match amical à Durban contre l’Afrique du Sud (0 – 0). C’était parti pour un bail qui dure aujourd’hui encore pour Gana Guèye qui était, cependant, passé par les sélections nationales juniors et U23.

Avec les Olympiques d’ailleurs, il a entretemps disputé les Jo de Londres (27 juillet au 12 août 2012) où, omniprésent dans l’entrejeu, il avait contribué à hisser les Espoirs sénégalais jusqu’en quarts de finale où ils avaient été éliminés par le Mexique, futur médaillé d’or du tournoi de football.

Ainsi, lorsque feu Joseph Koto a été désigné en mars 2012 pour remplacer Amara Traoré (alors que le Français Pierre Lechantre, pressenti, s’était désisté), il a misé sur les U23 comme « pour rebâtir en penser à l’avenir ». Et forcément Gana était aux premières loges, disputant les 5 matches lors desquels « Boutchou » était sur le banc des « Lions ». Pour un total de 392 mn, ce qui en fait le troisième joueur le plus utilisé par Koto après le portier Ousmane Mané et l’avant-centre Papiss Demba Cissé.

C’est cependant sous Alain Giresse que Gana Guèye est devenu presqu’incontournable. Joueur de champ le plus utilisé, il n’est devancé en termes de temps de jeu que par le portier Bouna Coundoul (1411 mn contre 1530 au gardien de but et capitaine) lors des 22 matches disputés avec l’ancien milieu de terrain international français.

 

6 passes décisives et 6 buts

 

Depuis qu’Aliou Cissé s’est installé sur le banc des « Lions », en mars 2015, Gana Guèye a pris une autre dimension et élargi sa palette de jeu. Plus question de rester sentinelle, taclant et relançant comme une machine uniquement programmée pour ça. En plus de ses tâches basiques, le joueur du Psg participe activement aux attaques de l’équipe nationale. Présent dans tous les compartiments du jeu, il s’est même mis à planter des buts. Avec 6 passes décisives et autant de réalisations à son actif, il est d’ailleurs un élément … offensif important et est le quatrième meilleur buteur sous l’ère Aliou Cissé.

Pourtant, Amadou Diop « Boy Bandit », ancien milieu de terrain du Jaraaf et de l’équipe nationale dont il était le capitaine lors de la Can 1986 en Egypte, est d’avis que « Gana peut faire encore plus en sélection. Il a pris du galon et prend même des initiatives, notamment sur balles arrêtées. Coach Cissé doit plus miser sur lui et davantage le responsabiliser dans ce domaine ».

Deuxième joueur le plus utilisé (4470 mn) par Cissé derrière Sadio Mané (4530 mn), Gana Guèye est bien parti pour affiner un peu plus ses statistiques. Surtout que de grandes compétitions pointent à l’horizon. Si à 32 ans, il a déjà disputé 3 Can (2015, 2017 et 2019), il devrait, sauf catastrophe, être encore là en janvier et février prochains au Cameroun pour un quatrième essai qu’il espère être le bon pour lui et le Sénégal. Et plus tard, l’année prochaine, si les « Lions » négocient bien le barrage du mois de mars, il pourra prendre part à un deuxième Mondial de suite, au Qatar.

C’est dire qu’on n’a pas fini de voir Gana Guèye rayonner dans l’entrejeu des « Lions ». Ce qui n’est que pour nous remplir d’aise.

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STATISTIQUES EN ÉQUIPE NATIONALE*

Ses sélections : 80

Première sélection : 11 novembre 2011 (Sénégal – Guinée : 4-1 à Paris)

Buts : 6 buts

Passes décisives : 6

Les buts

1 – Sénégal – Guinée Equatoriale (3-0) du 10 juin 2017. But inscrit à la 90+1

2 – Sénégal – Soudan (3-0) du 13 octobre 2018 à Dakar. But inscrit à la 24e mn.

3 – Sénégal – Nigéria (1-0) du 16 juin 2019. But inscrit à la 18e mn.

4 – Sénégal – Bénin (1-0) du 10 juillet 2019 au Caire. But inscrit à la 69e mn.

5 – Sénégal – Cap-Vert (2-0) du 08 juin 2021 à Thiès. But inscrit à la 56e mn (sur coup-franc).

6 – Sénégal – Namibie (4-1) du 09 octobre 2021 à Thiès. But inscrit à la 10e mn.

Ses passes décisives

62e mn pour Mame Biram (Sénégal – Burundi : 3-1, 13 juin 2015).

15e mn pour Mame Biram (Rwanda – Sénégal : 2-0, 28 mai 2016).

73e mn pour Moussa Sow (Sénégal – Guinée Equatoriale : 3-0, 10 juin 2017).

76e mn pour Sadio Mané (Burkina Faso – Sénégal : 2-2, 5 septembre 2017).

60e mn pour Mbaye Niang (Sénégal – Madagascar : 2-0, 23 mars 2019).

28e mn pour Keita Baldé (Sénégal – Tanzanie : 2-0, 23 juin 2019).

Son temps de jeu

AVEC AMARA TRAORÉ : Minutes 45/45 possibles Match : 1/1 Titularisation : 0

AVEC KARIM SÉGA DIOUF ET ALIOU CISSÉ : Minutes 90 / 90 possibles Match 1/1 Titularisation 1 / 1

AVEC JOSEPH KOTO : Minutes : 392/450 possibles ; Matches : 5/5 ; Titularisations : 5/5

AVEC ALAIN GIRESSE : Minutes : 1411/1980 possibles ; Matches : 18 /22 ; Titularisations : 16/18

AVEC ALIOU CISSE : Minutes : 4470/5850 possibles ; Matches : 55/65 ; Titularisations : 50/55 ; Buts : 6 ; Passes décisives : 6

 

*Données chiffrées gracieusement fournies par notre confrère Khalifa Ababacar Guèye

 

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IDRISSA GANA GUEYE

« Ma plus grande fierté et ma plus grosse déception avec l’équipe nationale… »

Sur ses 10 ans de présence dans la Tanière, Idrissa Gana Guèye, à la parole pourtant rare, est revenu largement avec nous. Ses différents coaches, son rôle, ses joies et ses déceptions ! Le milieu de terrain des « Lions » s’est prononcé sur différents sujets liés à sa présence dans la Tanière.

 

« Il y a dix ans exactement vous débarquiez dans la Tanière, lors d’un match international amical face à la Guinée. À cet instant-là, pensiez-vous rester aussi longtemps en équipe nationale ?

Franchement, je ne sais pas du tout. Parce que je ne m’étais pas posé la question. J’étais juste heureux et content de représenter mon pays et de porter un maillot aux couleurs nationales. J’étais très heureux d’avoir été bien reçu par les autres joueurs et le coach. C’est une chose que j’attendais depuis longtemps et un rêve de gamin qui se réalisait.

En dix ans de présence, quelle est votre plus grande joie, votre plus grande fierté avec les « Lions » ?

J’aurais préféré dire autre chose. Mais pour moi, le fait d’être arrivé en finale de Can en 2019 est ma plus grande fierté avec cette équipe. Parce que c’est quelque chose qui n’était pas arrivé depuis 2002. On avait à cœur de ramener la coupe au pays, mais malheureusement cela ne s’est pas fait. Cette compétition a été une grande fierté pour moi parce que nous avions bien représenté le Sénégal ; mais malheureusement nous n’avons pas pu ramener le trophée.

Et quelle a été votre plus grosse déception ?

Paradoxalement, c’est cela aussi ma plus grande déception. D’avoir été en finale sans remporter le trophée. Nous étions tout près du but. C’était notre rêve et on était décidé comme tout. Mais Dieu en a décidé autrement. On était en même temps content d’être arrivé en finale et déçu de n’avoir pas offert au Sénégal son premier trophée continental.

Avec 80 sélections, vous êtes à 19 longueurs du record de capes détenu par Henry Camara (99). Est-ce un objectif pour vous de battre ce record ?

Je ne me pose pas la question. J’essaie juste d’être en forme, de m’entrainer correctement et d’apporter quelque chose à l’équipe. Pour le reste, c’est mon corps qui me dira et Dieu qui décidera.

Cela fait donc 10 ans que vous êtes en équipe nationale. Ce qui vous place parmi les joueurs ayant le plus duré dans la Tanière. Mais vous êtes encore loin du record de longévité détenue par Locotte et qui est de 14 ans. Espérez-vous pouvoir tenir assez longtemps pour battre ce record ?

Honnêtement, c’est quelque chose qui ne me vient même pas à l’esprit. Je ne me pose même pas cette question puisque le plus important ce n’est pas de battre ce record, mais plutôt de gagner quelque chose pour le Sénégal. Après, ça prendra le temps que cela prendra si cela doit se faire. Mais ce n’est pas l’objectif. Je suis juste très heureux et fier de représenter mon pays de la meilleure des façons.

Avec 6 buts et 6 passes décisives en 10 ans, même si vous jouez milieu défensif, pensez-vous que ce soit un bon ratio ?

Il est vrai qu’on peut toujours mieux faire, mais je suis plutôt satisfait de ces statistiques qui ont beaucoup progressé lors de ces dernières années. En fait, le coach me demande de jouer plus haut, de faire des passes décisives, de marquer des buts, de faire jouer l’équipe. Contrairement à ce que l’on me demandait lors de mes premières sélections : rester devant la défense, assurer la sécurité de l’équipe. Donc j’étais forcément moins offensif. Mais ce n’est pas évident en Afrique, surtout quand on joue contre des équipes qui optent pour le bloc bas, qui sont physiques. Alors, il y a moins d’occasions et moins de buts. Donc je suis satisfait de ces statistiques et ferai tout pour les améliorer.

Vous avez vu passer beaucoup de sélectionneurs nationaux. Lequel vous a le plus marqué et pourquoi ?

Tous m’ont marqué. Amara Traoré qui m’a appelé pour ma première sélection, même si je n’en ai pas eu d’autres avec lui. Mais il m’a marqué pour m’avoir offert ma première cape. Le regretté Joseph Koto et Alain Giresse m’ont toujours accordé leur confiance et fait jouer et avec eux, j’ai eu beaucoup d’affinités. Avec Aliou, j’ai passé beaucoup plus de temps et il m’a confié des responsabilités.

N’empêche que vous avez inscrit tous vos buts en équipe nationale sous Cissé. Est-ce à dire que vous vous sentez mieux avec lui qu’avec les autres ?

Ce n’est pas forcément que je me sens plus à l’aise avec lui. J’étais déjà très à l’aise avec les autres coaches ; sauf que lui me demande autre chose, d’être plus offensif. Ce n’est donc pas la même chose que quand il faut être plus défensif. Cela me libère plus et me permet d’être plus souvent en position de marquer ou de faire des passes défensives.

Vous avez disputé 3 Can et été jusqu’en finale lors de la dernière avec les « Lions ». Vous allez donc vers une 4ème. Que faut-il faire pour que celle-ci soit la bonne ?

On espère toujours que ce sera la bonne. À la dernière Can, nous n’étions pas loin de notre but. Il nous faudra donc nous appuyer sur ce que nous avons fait à cette Can-là. C’est-à-dire beaucoup de solidarité, beaucoup de travail et surtout avoir confiance en nous et essayer de faire le maximum pour aller le plus loin possible dans cette compétition. Mais c’est Dieu qui donne la victoire.

En tant qu’ancien de la Tanière, comment jugez-vous l’ambiance qui y règne ? Comment a-t-elle évolué depuis vos débuts ?

Il y a toujours eu une bonne ambiance en sélection. En tout cas depuis que j’y suis. Il y a eu différents joueurs et différents coaches, mais on a toujours eu une bonne solidarité, une bonne ambiance entre nous. C’est vrai que par moments, il y a eu des complications parce que certains ne jouaient pas et n’étaient pas contents. Mais tout se passait dans le respect, dans le professionnalisme et dans l’amour du maillot. On a toujours essayé de garder la bonne cohésion du groupe, d’avoir une bonne relation entre nous. Et cela a toujours été le cas. En plus, il y a des joueurs qui sont là depuis longtemps et l’on se connait et s’apprécie encore plus. On a plus d’affinités, on s’entend bien et tout se passe pour le mieux. On espère juste qu’un jour prochain, on va pouvoir ramener au pays le trophée continental que tout le peuple attend depuis toujours.

Vous avez disputé 3 Can, une Coupe du monde et les Jo. Mais vous n’avez toujours pas accroché le moindre trophée. Cela commence à faire désordre non ?

Bien sûr que c’est un vide, surtout pour le Sénégal. Pas que pour moi. On espère pouvoir combler ce vide le plus tôt possible. En tout, on est là et l’on se bat pour ça.

On vous qualifie parfois de « capitaine sans brassard ». Vous manque-t-il d’avoir l’étoffe au bras ?

Je n’ai pas forcément besoin d’avoir le brassard pour jouer mon rôle de leader dans cette équipe. Je fais partie des plus expérimentés, des plus anciens. Le brassard, c’est un choix du coach qu’on respecte et nous, on est fier de représenter le pays. Avec ou sans brassard. Moi, ne pas l’avoir ne m’empêchera pas de jouer correctement mon rôle dans cette Tanière ».

Recueillis par B. Khalifa NDIAYE

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