L’attaquant sénégalais pourrait faire ses débuts avec les Marine et Blanc à Monaco ce dimanche
Arrivé du Stade Rennais en tant que joker, M’Baye Niang débarque aux Girondins de Bordeaux pour tenter de « relancer » sa carrière.
Grand espoir du football, l’attaquant sénégalais vit pour le moment une carrière très mouvementée (neuf clubs en dix ans) avec beaucoup de hauts et de bas.
A 26 ans, il ne doit plus perdre de temps. Pour les Marine et Blanc, il s’agit d’un véritable pari.
M’Baye Niang sur les traces de Xavier Gravelaine ! Qui l’eut cru ? A part peut-être certains supporteurs caennais puisque les deux hommes sont passés par le Stade Malherbe dans leur vie. Mais malheureusement, pour le moment, le point commun le plus pertinent entre les deux attaquants est tout autre. Et pas forcément glorieux. En effet, le Franco-Sénégalais marche sur les pas du plus célèbre globe-trotteur du championnat français. Avec sa signature aux Girondins de Bordeaux, il en est déjà à neuf clubs en dix ans de carrière à seulement 26 ans alors que pour rappel, l’ex-international français (quatre sélections) en a écumé 16 en 16 ans. Si ce dernier a toujours plus ou moins assumé son parcours, pour le néo-Bordelais cela ressemble avant tout (pour l’instant) à un énorme gâchis.
Pourquoi ? Tout simplement parce que M’Baye Niang était l’un des joueurs les plus prometteurs de sa génération. Premier match en Ligue 1 à 16 ans et 4 mois. Quatrième plus jeune buteur de l’histoire du championnat de France (derrière Krawczyk, Roussey et Maupay). « Il a un énorme potentiel, on n’a jamais vu ça au club », disait à l’époque Philippe Tranchant, son coach en U19 à Caen. Sans oublier sa signature à 17 ans à l’AC Milan. Un parcours à la Mbappé sur le papier pour rester dans les comparaisons. Mais elle s’arrête là puisque la vérité du terrain est jusqu’à maintenant bien différente pour l’enfant des Mureaux, avec une carrière fait de beaucoup de hauts et de bas. Alors est-il en train de passer à côté de celle-ci ?
« Il a tout simplement été jeté dans la fosse aux lions »
Il va en tout cas tenter de « relancer sa carrière » (une énième fois) comme il le dit lui-même, conscient de la « grosse opportunité que lui donne Bordeaux » après des mois de galère. Et c’est vrai qu’entre une fin d’aventure calamiteuse avec le Stade Rennais, un prêt exotique en Arabie saoudite ces derniers mois sans presque jouer (cinq matchs) et un été encore mouvementé autour de son avenir, il était temps pour lui de retrouver un nouveau challenge. Ces trois dernières années bretonnes sont d’ailleurs une sorte de petit condensé du début de carrière de M’Baye Niang. Capable du meilleur (14 buts/7 passes décisives sur la première saison et 15 buts/2 passes décisives sur la deuxième) comme du pire (conflit avec son entraîneur Julien Stéphan, performances sportives en berne et donc ce prêt improbable la saison dernière à Al-Alhy). Le prêt est d’ailleurs devenu une spécialité maison pour l’avant-centre au fil des années (Montpellier, Genoa, Watford, Torino…), illustration parfaite de son instabilité.
« Je pense que comme beaucoup de très jeunes joueurs prometteurs, il n’avait pas les codes et les règles du milieu au départ, explique son entourage, il s’est fait marcher dessus. M’Baye est un homme beaucoup trop gentil et sentimental, ce qui dans ce milieu ne passe pas. Il a tout simplement été jeté dans la fosse aux lions. » Et ses multiples transferts ratés (Marseille ou encore Saint-Etienne récemment) prouvent bien que cela n’a pas dû être toujours tout rose : « Il veut toujours faire plaisir aux autres, c’est une qualité, mais systématiquement trop de personnes autour de lui cherchent à profiter de la situation. Cela a encore été le cas pour Bordeaux avant que tout rentre dans l’ordre », poursuit ce proche.
Le talent ne suffit pas
Reste que le garçon a aussi terni un peu tout seul son image (et sûrement ses performances) avec quelques affaires extra-sportives pas très judicieuses, à l’image de ses deux accidents de voiture à Montpellier et Milan. Pour le premier, il a tout de même été condamné à dix-huit mois de prison avec sursis avec une interdiction de repasser le permis pendant trois ans alors que le second a stoppé sa meilleure saison sous le maillot Rossoneri (huit buts et cinq passes décisives en 21 matchs lors de la saison 2015/2016) en raison d’une blessure provoquée par celui-ci. Un gâchis qu’il ne doit ici qu’à lui-même.
« Personne ne remet en cause son talent mais beaucoup pensent en revanche que c’est un joueur à problèmes, affirme Mamadou Salif Diallo, chef du service des sports de l’Agence de presse sénégalaise, il doit à tout prix régler ça pour avoir une carrière à la hauteur de son talent. » Un talent énorme. Alors à 26 ans, même si ce n’est pas encore l’heure de la dernière chance comme un Hatem Ben Arfa la saison dernière, il est temps pour le principal intéressé de « reprendre du plaisir » et tout simplement de « rejouer au football ».
Il a fait le ménage autour de lui
Admar Lopes est lui aujourd’hui persuadé « d’avoir un joueur beaucoup plus mature » entre les mains et « que c’est le bon moment pour qu’il fasse une grosse saison avec nous. » Le directeur technique des Girondins veut y croire. Mbaye Niang rappelle au passage qu’il « n’est pas là pour faire changer l’avis des gens » en revanche, il « promet de donner le maximum » en répétant que « c’est le terrain le juge de paix ». Pour réussir cela, l’attaquant a fait le ménage autour de lui ces derniers mois. Exit ses anciens agents et son avocat historique, désormais ce sont ses parents qui gèrent ses affaires. Pour sa venue à Bordeaux, ils se sont par exemple rapproché de Badou Sambagué, avocat et mandataire sportif, qu’il connaît depuis plusieurs années et qui a joué le rôle de facilitateur dans le dossier. Le joueur, père de deux enfants, a donc décidé de resserrer son clan autour de sa famille pour arrêter enfin de s’éparpiller.
Son état d’esprit actuel semble aussi un gage pour les Girondins. L’international franco-sénégalais a refusé des offres bien plus alléchantes de Chine, du Mexique ou encore de Dubaï pour rejoindre Bordeaux. Il a même accepté de baisser son salaire de plus de la moitié. Ce n’est pas neutre. Avec cet état d’esprit, Mamadou Salif Diallo est convaincu que la recrue bordelaise « peut encore se relancer » chez les Marine et Blanc.
Un joueur à remettre en route
Reste à savoir dans quel état physique est-il ? A ce sujet, on entend tout et n’importe quoi. Lui assure s’être entretenu tout l’été notamment avec un préparateur physique malgré sa mise à l’écart du groupe pro à Rennes. D’autres parlent d’un joueur complètement hors de forme et en surpoids. Comme souvent, la vérité est entre les deux. S’il lui reste bien 3/4 kg à perdre pour retrouver son poids de forme, M’Baye Niang est dans un état physique correct. Il est par exemple très probable de le voir jouer quelques minutes dimanche prochain (15 heures) face à Monaco.
Pour lui, le plus dur sera surtout de retrouver le rythme. Depuis un an, il a peu joué (17 matchs dont cinq depuis janvier) et son dernier match officiel remonte au 7 mai. Le staff va donc profiter de la trêve internationale de début octobre pour le remettre complètement sur pied. Ensuite, il pourrait devenir une arme redoutable pour cette équipe bordelaise qui commence à se trouver (trois matchs sans défaite). Son talent n’a pas disparu et surtout son profil « différent » d’un Ui-jo Hwang par exemple, avec « une grosse présence physique » comme le souligne Admar Lopes, sera un vrai atout pour les Girondins. Comme Hatem Ben Arfa il y a tout pile un an, Mbaye Niang est un pari. S’il faudra sûrement se montrer patient pour les supporteurs, lui n’en a plus de temps à perdre surtout s’il veut enfin avoir une carrière à la hauteur de son talent.