Recruté il y a deux ans par Liverpool, Mohamed Salah est devenu l’un des meilleurs attaquants du monde ainsi qu’une icône. Vainqueur de la Ligue des champions 2019, l’Egyptien a fait l’objet d’une étude à l’université de Stanford. D’après les chercheurs, l’islamophobie a décliné dans le Merseyside depuis que Salah porte le maillot des Reds.
Samedi 1er juin, Mohamed Salah est entré dans l’histoire. En ouvrant le score sur penalty pour Liverpool contre Tottenham, il est devenu le premier Egyptien a marqué un but en finale de ligue des champions. Il est aussi devenu le premier joueur de son pays à remporter cette compétition, avec la victoire de son équipe au Wanda Métropolitano de Madrid (2-0). Et le « Pharaon » a un peu plus renforcé sa cote d’amour chez les Reds.
Une étude menée par des chercheurs de Stanford
Ce n’est pas la seule victoire dont Mohamed Salah pourrait se réjouir. Peu avant le coup d’envoi de la finale, John B. Holbein, professeur en sciences politiques aux États-Unis, a publié sur Twitter une partie d’une étude menée par Ala’ Alrababa’h, William Marble, Salma Mousa et Alexandra Siegel, quatre chercheurs de l’université de Stanford et de l’École polytechnique de Zurich.
Ils se sont intéressés au phénomène Salah à Liverpool. Le thème de leur étude : « L’exposition des célébrités peut-elle réduire les préjugés ? L’effet de Mohamed Salah sur les comportements et attitudes islamophobes ». Elle a été publiée le 31 mai. « Est-ce que l’exposition de célébrités à succès appartenant à des groupes stigmatisés peut réduire les préjugés envers ce groupe en général ? Nous exploitons la soudaine et phénoménale renommée de la star de Liverpool Salah, un joueur manifestement musulman, pour répondre à cette question », écrivent en préambule les quatre chercheurs.
-18,9% d’actes islamophobes dans le Merseyside depuis que Salah joue à Liverpool
Leurs résultats montrent que depuis le transfert de Mohamed Salah à Liverpool, à l’été 2017 en provenance de l’AS Rome, les crimes de haine et islamophobes ont chuté de 18,9% dans le Merseyside, le comté de Liverpool, en comparaison avec les chiffres relevés avant cette signature. Les tweets anti-musulmans écrits par les fans de Liverpool ont également baissé : de 7,2% de messages à caractère haineux envers les musulmans avant l’arrivée de Salah, le chiffre est tombé à 3,4%.
« L’étude suggère que ces résultats pourraient être motivés par une familiarité accrue avec l’islam », indiquent les chercheurs. Le talent et les buts de l’Égyptien n’expliquent pas, à eux seuls, cet effet présumé. L’attitude du joueur, qui ne cache pas son attachement à sa religion, y serait aussi pour beaucoup : « On voit souvent Salah plaisanter avec ses coéquipiers avec son sourire reconnaissable, jouant avec sa petite fille sur le côté du terrain, et respectant presque trop ses adversaires, en refusant par exemple de célébrer ses buts contre ses anciens clubs. »
Un modèle idéal
Déjà, lors de la saison 2017-2018, les supporters de Liverpool s’étaient distingués par leur intérêt envers l’islam, la religion de leur nouvelle star. Mohamed Salah n’est pas le seul footballeur musulman reconnu en Angleterre et même à Liverpool, mais son talent, son image et sa notoriété en font un joueur à part dans son club. Ailleurs, c’est plus compliqué. En deux saisons sous le maillot des Reds, l’Égyptien a plusieurs fois été la cible d’injures islamophobes lancées par des supporters d’autres équipes. Et il a pu compter sur le soutien des fans des Scousers.
Les quatre chercheurs concluent leur étude : « Nos résultats indiquent qu’une exposition à des modèles positifs peut amener de nouvelles informations qui humaniseraient davantage une communauté dans son ensemble. » Un modèle comme Mohamed Salah, donc.
RFI