Ils ont en commun d’avoir été des footballeurs de grand talent et de n’avoir jamais disputé une phase finale de Coupe d’Afrique des Nations (Can). Pour une raison ou pour une autre. Nous vous proposons d’aller à la rencontre de cette belle brochette de joueurs qui auraient certainement fait bonne figure dans cette compétition si courue. Aujourd’hui, Akel Issam.
Akel Issam aurait bien aimé être le premier Sénégalais d’origine libanaise à disputer une Can de football. Mais il n’en a pas eu l’opportunité. Et cela ne le frustre nullement. « Car avant moi, il y en a eu d’autres qui le méritaient au moins autant que moi. Notamment Adnan Farhat, l’ancien joueur du Jaraaf ou Abdallah Sahely de l’Us Gorée, mon Pelé à moi, celui qui m’a fait aimer le football », relativise l’ancien milieu de terrain des Insulaires avec qui il a remporté la Coupe du Sénégal en 1992 aux dépens du Jaraaf.
En fait, ce teigneux homme du milieu qui a éclos à la Jeanne d’Arc, a souvent été convoqué en équipe nationale sous le duo de techniciens Jules Bocandé – Boubacar Sarr « Locotte » avant la campagne de la Can de 1994 en Tunisie. « J’avais la chance de côtoyer des icônes du football sénégalais comme Cheikh Seck, Souleymane Sané, Mamadou Marième Diallo, Adolphe Mendy qui étaient tous mes idoles », dit-il avec fierté. Akel Issam qui, à ses dires, avait réussi « une super année avec la JA » était tout heureux d’être du camp d’entrainement de Tanger, préparatoire à cette phase finale-là. « Mais, une vieille blessure à la cheville qui refusait de me lâcher avait eu raison de mon rêve de disputer cette compétition.
À 21 ans, Akel Issam venait de rater son premier rendez-vous avec la Can. Mais il aurait le temps ; et d’autres occasions se présenteraient forcément à lui, surtout que le talent et la motivation étaient toujours là, l’avaient assuré le duo de techniciens. « C’était très dur à encaisser », reconnaît le joueur de la Jeanne d’Arc qui refuse de soutenir qu’il avait été « sacrifié ». Mieux, il estime même avoir vécu « une super expérience » aux côtés de joueurs comme Cheikh Seck « qui m’avait fortement marqué et que je regardais jouer à la télé lors de la Can de 1990. Alors, me retrouver dans le même regroupement que lui et d’autres grands noms du football sénégalais, quatre ans après, c’était tout simplement génial. Ou de partager la même chambre que Souleymane Sané… J’en avais les yeux qui me sortaient de la tête ».
Championnats exotiques
Le duo « Boc – Loc » avait raison. Puisqu’après avoir « loupé d’un rien » celle de 1994, une autre possibilité de disputer la Can s’était encore présentée à Akel Issam qui, entre-temps, était passé de l’Us Ouakam en 1998 au Fc Bourg au Liban. « J’avais été convoqué par Peter Schnittger en vue du match des éliminatoires de la Can 2000 contre le Burkina Faso. J’étais bien lancé pour avoir réussi deux matches extraordinaires en amical face à la Guinée et au Mali. Mais face au Burkina, je suis resté sur le banc », signale-t-il pour rappeler que c’est alors que les Oumar Diallo et autres Moussa Ndiaye arrivaient dans l’équipe. De retour au Liban, il attend tout de même sa convocation pour un match face au Cameroun. « Mais, je n’ai eu aucune nouvelle. C’est après que j’ai appris que le président Oumar Seck qui a beaucoup fait pour moi et que je considère comme un père, avait décidé qu’il ne fallait pas convoquer de joueurs évoluant dans des championnats exotiques », relate-t-il.
Puis après, alors qu’il filait vers ses 30 ans et qu’une nouvelle génération de joueurs qui allaient porter le football sénégalais au firmament africain (finale de la Can 2002) et très haut dans le ciel mondial (quart de finale de la Coupe du monde, la même année), Akel Issam s’est retiré des aires de compétitions. Le cœur léger et avec la conviction d’avoir fait tout ce qu’il fallait et d’avoir toujours donné le meilleur de lui-même. Et selon lui, « tout s’est joué sur de petits détails ».
Si bien qu’aujourd’hui encore, 20 ans après, rien qu’au timbre de sa voix lorsqu’il évoque son expérience en équipe nationale, on comprend qu’Akel Issam avait apprécié chaque moment passé dans la Tanière. « Oui, c’est un immense plaisir et une grande fierté d’avoir fait partie de ce groupe », confirme l’ex « Lébou blanc » de l’Us Ouakam. Loin d’avoir le moindre regret, il se félicite au contraire d’avoir eu « la chance de tutoyer le plus haut niveau », d’avoir vu « comment ça se passait ». « J’avais très bien vécu tout cela », précise-t-il. Et longtemps après encore, il en parle avec une réelle émotion.