Ballon d’Or : Lewandowski le méritait aussi…

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LEWANDOWSKI

Aux yeux de beaucoup, c’en était devenu une évidence : pour Robert Lewandowski, 2020 devait être l’année de la consécration. Sauf qu’une saloperie de virus est passée par là, incitant les organisateurs – pour des raisons qui, on l’avoue volontiers, nous laissent encore circonspects – à ne pas décerner de Ballon d’or.

Alors, on a pris notre mal en patience. On s’est dit que le couronnement tant attendu aurait lieu en 2021. Après tout, le goleador polonais a continué de surfer sur ses standards indécents.

Comme aucun de ses rivaux planétaires n’est sorti du lot, on pouvait vraiment penser que le sacre aurait bien lieu ce lundi soir, à Paris. On se trompait lourdement, puisque c’est une nouvelle fois Leo Messi qui a décroché la timbale.

Certains parlent déjà de scandale, et on a bien du mal à leur donner tort. Mais il s’agit là d’un scandale tout à fait prévisible.

C1 et Euro, indicateurs faussés

Tout d’abord parce qu’au cours des derniers mois, Lewy a collectionné un peu moins de titres qu’à l’accoutumée. Sur le papier, une BuLi et une Supercoupe d’Allemagne, c’est vrai que ça n’est pas hyper vendeur.

Comme on est pointilleux, on ajoutera la Coupe du monde des clubs, exceptionnellement disputée en février. Mais il y a fort à parier que, parmi les votants, peu s’en souvenaient. Ici, ce qui joue réellement contre Lewandowski, c’est qu’il n’a pas dépassé les quarts de la Ligue des champions et que sa sélection n’a pas su s’extirper de son groupe lors de l’Euro.

On a cependant tendance à oublier que le natif de Varsovie était blessé quand le Bayern a subi la loi du PSG. On a aussi un peu trop tendance à surestimer le niveau de la Pologne, qui cherche désespérément un semblant de stabilité depuis la fin de l’ère Nawałka et qui n’a évité l’humiliation d’un zéro pointé à l’Euro que par la grâce de son avant-centre totémique, auteur de l’égalisation contre l’Espagne et d’un superbe (bien qu’inutile) doublé face à la Suède.

Buteur clinique, personnalité lisse

Plus que de son palmarès trop peu garni cette année, l’attaquant munichois souffre avant tout d’un cruel déficit d’image. C’est un buteur, certes. Sans doute le plus complet, sinon le meilleur, de la décennie écoulée.

Mais c’est un buteur froid, implacable, clinique. Robotique. Il n’a pas l’élégance d’Andriy Shevchenko, le dernier pur numéro 9 à avoir remporté le Ballon d’or (2004), ni l’aura de Ronaldo, son prédécesseur (1997, 2002).

 

 

Il ne faut pas non plus compter sur lui pour susciter la polémique. Le Polonais n’est pas du genre à annoncer ses velléités de départ un soir de victoire en finale de C1, ni à tenter de larguer son club via burofax.

Son image est trop parfaite et trop lisse pour séduire véritablement au-delà des frontières de son pays et de celles de la Bavière. Et tant pis s’il a affolé les compteurs au-delà du raisonnable (64 buts sur l’année civile, tout de même), devenant le meilleur réalisateur du championnat d’Allemagne sur une saison avec 41 réalisations. Soit une de plus que Gerd Müller, légende aujourd’hui regrettée.

Le Bayern ne sait pas faire campagne

Der Bomber a reçu le Ballon d’or en 1970. Deux autres Munichois emblématiques, Franz Beckenbauer (1972, 1976) et Karl-Heinz Rummenigge (1980, 1981), l’ont imité.

Et puis, plus rien. Cela fait 40 ans que le Bayern, pourtant ultra-dominateur sur la scène nationale et souvent brillant à l’échelle continentale, n’a pas vu l’un des siens recevoir ce trophée individuel. On touche là du doigt un autre problème : le club bavarois ne sait pas faire campagne pour l’un de ses joueurs.

Quand le Real Madrid intensifie son lobbying à l’approche de l’élection, le Rekordmeister préfère rester discret. Ce silence assourdissant, Franck Ribéry (2013) et, dans une moindre mesure, Manuel Neuer (2014) en ont subi les conséquences en leur temps.

Au tour de Robert Lewandowski d’en pâtir. Et on a du mal à imaginer qu’un trophée en bois de « Buteur de l’année » suffise à le consoler.

 

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