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Coupe du monde féminine: L’Argentine tient en échec le Japon.

L’Argentine en Coupe du monde, c’était d’abord ça : six matchs joués, deux buts marqués, trente-trois encaissés. L’Argentine dans un Mondial face au Japon, c’était aussi ça : deux confrontations, deux défaites (dont un 6-0 cinglant en septembre 2003). Puis, 2019, la France, le Parc, Carlos Borrello toujours sur le banc, et voilà que tout éclate. Non, l’Argentine n’a pas remporté sa première victoire dans un Mondial lundi contre le Japon, mais elle a réussi l’essentiel : prendre le premier point de son histoire dans la compétition. Brillant.

Un match de Coupe du monde comme une fable. Celle de la petite bête qui veut manger la grosse, mais aussi un peu plus que ça : il était écrit que l’Argentine, en pleine résurrection après cinq ans de galères et de bastons pour exister, se présentait à Paris, lundi, pour se faire avaler sans être prémâchée par un Japon restant sur deux finales mondiales consécutives. De quoi faire peur au pilote de l’écurie sud-américaine, Carlos Borrello, en poste lors des deux dernières participations au buffet mondial de l’Argentine (en 2003 et 2007) ? En aucun cas, et le sexagénaire a refusé de se planquer ce week-end : « Une chose ne se mesure pas. C’est la passion. Ce quelque chose qui vient de l’intérieur. Je fais totalement confiance à mes joueuses, à mes guerrières, pour cette bataille. » Bataille pour se prouver des choses, bataille pour « montrer ce dont est capable la femme argentine » (Banini), mais bataille qui passe d’entrée par une gestion tactique rigoureuse d’un Japon qui semble avoir été rangé par Marie Kondō : rien ne dépasse de cette équipe, de sa sélectionneuse, Asako Takakura, à son jeu discipliné, désormais déployé par un groupe ultra-jeune (douze joueuses sur les vingt-trois qui ont fait le voyage en France sont nées en 1996 ou après).

Attendues, les Japonaises peinent à vraiment inquiéter une Albicelesteaussi courageuse que limitée, mais guidée par une Estefanía Banini en balade technique. Dans un Parc à moitié plein, les femmes de Borrello tiennent le choc, laissent le Japon se fracasser les dents contre leur 4-5-1 et Hasegawa jouer du sombrero au-dessus de Ruth Bravo, et ne concèdent quasiment rien, à l’exception d’une tête en bout de course de Sugawasa facilement captée par Correa. Ce deuxième match du groupe D prend l’allure d’un duel de western-spaghetti où personne ne veut se tacher le short, sauf peut-être Sole Jaimes, venue planter le décor avant même le coup d’envoi en s’installant genoux au sol et doigts tendus vers le ciel : pour débloquer cette rencontre, il faudra certainement s’en remettre à une intervention divine. La faute à une discussion hachée (six fautes argentines en trente-cinq minutes, deux cartons jaunes pour les Japonaises) et à un niveau technique faiblard, ce qui a rapidement rendu dingue le sage Carlos Borrello. Asako Takakura, elle, aura réussi l’exploit de passer 45 minutes quasi figée dans sa zone technique : à l’entracte, la sélectionneuse des Nadeshiko a les bras croisés et le visage fermé. Pas bon signe.

D’autant que le début de seconde période est un message : sur son premier ballon touché dans le deuxième acte, Virginia Gómez balance et se replace instantanément. L’Argentine veut tenir, point. Yokoyama veut plutôt faire monter la fièvre et force Correa à se rouler dans le gazon parisien alors que Sameshima tente d’embraser l’aile droite ciel et blanc. Mains sur les hanches, Borrello voit son ensemble fondre doucement : son bloc ne tient plus le ballon (plus de 60% de possession de balle pour le Japon), ses filles n’enchaînent plus deux passes… mais Hasegawa continue de croquer dans le vide. Seuls éclairs argentins : un contre emmené par Banini, foiré par Jaimes à l’heure de jeu, puis une première frappe cadrée signée Bonsegundo à vingt minutes de la fin. Et alors ? Dans son coin, Borrello y croit, voit le premier point de l’histoire de l’Argentine en Coupe du monde à l’horizon, barricade son affaire et Correa sort une énième parade. Il est 19h48, nous sommes le 10 juin 2019 : l’Argentine vient de renaître pour de bon et d’écrire un peu plus son histoire.

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