Can 2019 : Attention aux passeports de complaisance. Fira Baal . Paris.

 

Du vendredi 21 juin au vendredi 19 juillet débutera en Egypte la 32ème coupe d’Afrique des nations de football, qui regroupera pour la 1ère fois 24 équipes. D’ici là, une série d’articles sera rédigée pour présenter en détail les forces en présence, en particulier les équipes méconnues sur la scène continentale.

La CAN 2019 va démarrer dans moins d’un mois, les entraineurs nationaux sont entrain de peaufiner leurs listes pour enfin entamer leurs préparations. Quelques listes même commencent à tomber. Pour ces listes, les sélections ne sont pas logées à la même enseigne, même si les ambitions restent lesmêmes pour toutes les sélections : gagner la CAN, qu’on le crie haut ou pas du tout. Pour les forces en présence, il y a plusieurs catégories :

1– Y a des pays qui ont misé sur la formation des joueurs et la professionnalisation de leur
championnat. Ces pays n’ont pas besoin d’aller chercher loin pour présenter une équipe
compétitive. Dans cette catégorie on retrouve des équipes comme l’Afrique du Sud, L’Egypte…
2– Des pays comme l’Ouganda, Tanzanie, Kenya, Namibie… font avec les moyens du bord en
prenant ce qui se fait de mieux dans leur championnat. Elles ont le mérite d’être à la CAN avec
les moyens du bord.
3– D’autres équipes comme le Sénégal, Côte d’Ivoire, Nigeria, Ghana, Algérie, Maroc, Mali… ont
une double politique. D’abord ce sont des pays qui ont l’habitude de former des joueurs qui s’expatrient facilement, car talentueux de nature en plus des formations eues dans leurs pays. Ensuite ce sont des pays qui ont la particularité d’avoir une population qui immigrent beaucoup depuis des générations. Les enfants de ses « émigrés » ont grandi et ont souvent comme seul moyen d’intégration : le football.
C’est pourquoi dans les sélections nationales européennes, on trouve de plus en plus de joueurs d’origines africaines (les plus talentueux). Ceux qui n’ont pas la chance d’intégrer les sélections européennes (à quelques exceptions près dont ce fut leur premier choix), se tournent vers les pays d’origines de leurs parents. Ce sont ceux qu’on appelle les binationaux. Ces binationaux ont changé la configuration du foot africain et permis ainsi à certaines équipes
comme la Mauritanie ou la Guinée Bissau qui n’avaient aucune chance de se qualifier à une CAN, d’être maintenant présent à ce rendez-vous continental.
4– Et enfin y a une dernière catégorie qui fait l’objet de cet article. Ce sont les naturalisations de
complaisance. Et là j’aimerai déjà rappeler la nouvelle réglementation de la FIFA dont certaines langues (à tort ou raison) disent qu’elle a été taillée juste pour Qatar qui je rappelle avait atteint la finale du championnat du monde de Hand Ball avec des joueurs espagnols, français et autres.

Que dit la réglementation de la FIFA sur la naturalisation ?

Que pour être naturalisé, le joueur doit être en mesure de démontrer un « lien évident » avec le pays dans lequel il n’est pas né mais qu’il souhaite représenter. Ce « lien évident » implique que le joueur doit avoir au moins un parent ou grand parent qui est né dans ce pays ou, à défaut, y avoir lui-même résidé au moins 5 ans

.
Qu’on s’entende bien là ! Je n’ai vu ni épouse, enfant, frère, sœur, tante ou même PACSE !! Sur les listes déjà publiées, j’ai jeté un coup d’œil, et je me suis interrogé sur les origines de quelques joueurs. Le constat est qu’il y a beaucoup de joueurs « français » à ne pas confondre avec les binationaux. Quand je dis « français », je parle des réunionnais, guyanais et toute la France d’Outre-Mer.
J’ai été étonné par exemple de voir que dans l’équipe de Madagascar2 , il y avait beaucoup de réunionnais
. Je taquinais un collègue malgache en lui disant : « alors comme ça on va faire son marché chez les voisins réunionnais pour la CAN ? »
C’est là qu’il me répond que la majorité des réunions ont des origines malgaches, émigration vers la « France » oblige…
Donc il leur a suffit de dépoussiérer les vieux registres d’actes de naissances de leurs aïeuls pour être en règle avec la FIFA.

Le cas de la Guinée
Mais le cas le plus choquant est le cas de la Guinée. En parcourant la liste des 25 de la Guinée4 , mon attention fut attirée par la consonance de certains noms d’origines européennes.
Au bénéfice du doute, je me suis dit que ça devait être des métis. Mais parmi ces noms y avait Simon Falette, métis, mais fils de Albert Falette ancien footballeur français noir d’origine guyanaise. Donc premier doute.
Après enquête j’ai découvert que Simon Falette a une épouse guinéenne. Ensuite en lisant l’interview de Paul Put, ce dernier à essayer de justifier la sélection d’un autre joueur guinéen Julian Jeanvier.
D’ailleurs je reprends ici texto les mots de Put qui pourront servir de preuves : « concernant la naturalisation de Jeanvier par la guinée : Il a une femme et des enfants guinéens. Il a son passeport guinéen. ” C’est un très bon défenseur, je suis convaincu qu’il peut apporter un plus au groupe , c’est pourquoi je l’ai sélectionné”.

 

Le problème M. Put est que la FIFA n’a pas dit dans ses lois sur la réglementation qu’une épouse guinéenne et des enfants guinéens suffisent pour avoir une nationalité sportive guinéenne.Donc faudra peut-être qu’on envoie ce texte à la fédération guinéenne pour leur éviter une seconde déconvenue à la CAN après l’histoire de leur U17. A moins qu’encore une fois que la CAF ferme les yeux sur ses naturalisations de complaisance.
Qui ne se souvient pas du cas de de l’affaire Zengue6 ce footballeur burkinabé d’origine camerounaise, marié à une burkinabé ?
Lors des éliminatoires de la CAN 2012, Zengue participe à la victoire du Burkina Faso contre Namibie. La Namibie conteste la naturalisation sportive de Zengue6 auprès de la CAF en faisant appel aux textes de la FIFA sur ce cas. Décision : appel rejeté par la CAF, et dossier classé.
Lors des éliminatoires de la coupe du monde 2014, Congo vs Burkina Faso 0-0 avec notre toujours cher ami Zengue !
Le Congo fait immédiatement appel cette fois-ci auprès de la FIFA7 car compétition FIFA oblige.

Décision : victoire sur tapis vert du Congo 3-0, et M. Zengue disparaît des radars ! Le même genre d’histoire s’est passé aussi avec la Guinée Equatoriale. Cette équipe a vu certains de ses joueurs ayant participé à la CAN 2012 se faire recaler par la FIFA lors des éliminatoires de la coupe du monde 2014 pour violation de la loi sur la naturalisation sportive.
Alors doit-on comprendre que y a une loi CAF sur les naturalisations, et une loi FIFA ? Si c’est le cas, alors que nos sœurs sénégalaises participent de leur manière à la victoire finale du Sénégal à la CAN en se mariant avec des stars mondiales encore éligibles juste le temps d’une CAN !!!
Pour être plus sérieux, je pense qu’il est temps que la CAF arrête de ridiculiser encore plus le foot africain après l’épisode de la CAN U17, pendant laquelle, elle était plus devenue un sujet de faits divers dans les sites spécialisés que pour ses exploits.
Donc l’objet de cet article qui est le premier d’une longue série sur la CAN 2019, cherche à préserver l’intérêt sportif de cette fête du foot africain, et éviter coûte que coûte que cela se transforme encore en faits divers.

Fira Baal – Paris

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