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Aliou Badji (Amiens SC) : « On n’a pas le droit à l’erreur »

De retour de blessure, Aliou Badji retrouve une équipe de l’Amiens SC qui a sombré dans la zone rouge durant son absence. Persuadé que la valeur de son équipe est tout autre, l’attaquant sénégalais veut croire en un rebond rapide, dès samedi face à Valenciennes. Entretien.

Aliou, on est très inquiet pour l’Amiens SC. Quel est votre sentiment sur la situation actuelle ?

C’est vrai que c’est délicat. On est dans un très bon club, qui était en Ligue 1 mais maintenant on est en deuxième division et il faut se serrer les coudes pour être là où on doit être : en haut du tableau, mais ce n’est pas le cas. On est tous conscient de ça, on est motivé, déterminé et on va se battre jusqu’à la fin pour amener Amiens à la place qu’il faut et qu’il mérite.

Avez-vous déjà vécu ce genre de situation ?

Non, je n’ai jamais vécu ça. C’est la première fois que je suis dans une équipe où l’on a perdu beaucoup de matches avec seulement une victoire, mais ce sont des choses qui arrivent dans le foot. Il faut continuer à bosser et ça va se renverser.

Ressentez-vous une certaine pression dans l’équipe ?

Ce n’est pas facile, mais je ne vais pas juger mes coéquipiers. Je pense que c’est à l’entraîneur de parler de ça. J’ai l’impression que l’on doit donner plus. Il y a de la qualité, mais ça ne suffit pas. Si on se bat plus, on pourra gagner des matches. La Ligue 2, ce n’est que du combat.

Mais il faut être efficace…

C’est vrai aussi. Il faut avoir l’audace et la tranquillité pour bien finir les actions. La dernière passe nous manque. Il faut plus de concentration, de détermination. On doit croire en nous pour faire la différence, c’est important.

Vous aurez la pression sur ce match…

On est tous motivé et déterminé, on va se battre jusqu’à la fin du match pour prendre les trois points parce que ce sera très important. On n’a pas le droit à l’erreur. On doit prendre notre première victoire à domicile cette saison.

Est-ce que l’équipe n’est pas trop gentille ?

Il y a la qualité, de très bons joueurs, mais il faut être méchant. On ne doit pas faire de cadeaux. On en a fait beaucoup depuis le début de saison, ça arrive, c’est le foot, mais on n’a plus le droit à l’erreur. On doit se serrer les coudes pour redresser la barre. Je sens une équipe vexée. Il faut se battre encore, mouiller le maillot jusqu’à la fin et tout donner.

Est-ce qu’il y a eu une prise de conscience avec la défaite à Dijon ?

Bien sûr que l’on n’était pas content et frustré. Ça fait chier de jouer à onze contre dix et perdre le match. Ce n’était pas évident, mais on est conscient de ça. C’est le foot, ce sont des choses qui arrivent mais on ne va pas lâcher. On est en train de bien bosser pour préparer le match de demain et on espère en ressortir avec une belle performance et les trois points.

Les joueurs ont-ils conscience que le club est en danger ?

Le club était en Ligue 1 il y a deux ans et ne mérite pas ce qui lui arrive aujourd’hui. On en est conscient parce que nous sommes les acteurs principaux. On sait bien que le club est en danger. Ça va être une saison très difficile pour revenir à notre objectifs d’être en haut.

L’équipe a-t-elle le niveau pour rester en Ligue 2 ?

Bien sûr ! Il y a de très bons joueurs, mais le talent ne suffit pas. On a bien joué sur certains matches, sur d’autres non. C’est un peu délicat parce qu’on n’a qu’une victoire en douze matches. A nous de montrer à tout le monde que l’on est une bonne équipe et que l’on vaut mieux que ce qui nous arrive en ce moment.

Redoutez-vous une certaine hostilité du public ?

Peut-être, mais c’est à nous de renverser la tendance et à leur procurer du plaisir, gagner le match, être là, se battre jusqu’à la fin.

 

Après la défaite à Dijon, vous aviez parlé de grand chantier. Concrètement, qu’avez-vous fait cette semaine ?

On a regardé quelques petites choses, comme habituellement. On ne va pas sortir un lapin du chapeau toutes les semaines. On s’est remis au boulot dès lundi en chassant ce match de Dijon, où on nous a fait beaucoup de reproches parce qu’on n’a pas marqué, ce qui n’est pas faux, parce qu’on n’a pas cadré, ce qui est plus grave. Quinze jours avant, on avait pris un point à neuf contre onze, donc il faut chasser de la tête que c’est infâmant de ne pas gagner à onze contre dix. On n’est pas la seule équipe en difficulté.

On peut parler de Caen, Nancy ou Dijon qui sont bien en deçà de leurs attentes. On ne se complaît pas dans le malheur des autres, mais c’est malheureux pour nous parce que personne ne s’attendait à ça. Maintenant, de plus en plus urgemment, il faut vraiment prendre conscience de la situation. On a besoin de guider cette équipe, il faut leur faire confiance, les accompagner, il y a un staff technique pour ça. J’ai réuni quelques joueurs cadres pour qu’ils puissent porter l’équipe quand elle est difficulté. Si nos plus expérimentés sont les premiers à sombrer, ça ne va pas aller.

Quel est le plus gros problème aujourd’hui ?

Plus que toute autre chose, c’est une question d’état d’esprit, à vrai dire. Aujourd’hui, il n’y a plus de calcul, et dans mon choix des dix-huit, il n’y a plus de calcul non plus. J’ai pu être patient, faire confiance, etc, mais je n’ai plus le droit de me tromper sur un seul joueur. L’appel dans les dix-huit, aujourd’hui, c’est plus que jamais au mérite, ce qui est souvent le cas mais parfois on peut aussi être un peu plus « lest ». Ce n’est pas les jambes ou les pieds à faire progresser, parce qu’on a les joueurs que l’on a et ils sont très bons, d’autres sont plus moyens techniquement, mais c’est la tête qu’il faut faire avancer. Le travail à la perte du ballon, ce n’est ni dans la tête, ni dans les jambes mais dans la tête et parfois, on part de loin.

Dans ce genre de situation, on peut être tenté de modifier beaucoup de choses. C’est ce que vous avez laissé entendre la semaine dernière…
C’est normal, on réfléchit à toute sorte de processus, de chose que l’on peut mettre en place. C’est notre état d’esprit qui est à creuser, c’est clair. Je ne vais pas étaler nos manques, mais on en a sur nos pertes de balle, notre premier travail défensif sur certains joueurs, individus. On en a qui sont concernés avec le ballon et moins quand on ne l’a pas, mais c’est pareil dans chaque équipe. On peut parler de système, de choix de joueurs, mais à un moment donné quand on va sur le terrain, il faut courir, faire des efforts. C’est primordial. Mettre autant de justesse que l’on peut en mettre. On est moins juste quand on est dix-neuvième que quand on est troisième. C’est con, mais c’est comme ça.

Avez-vous le sentiment que votre vestiaire a bien conscience de l’urgence de la situation ?

J’espère ! C’est un vestiaire qui n’a pas beaucoup d’émotions, et c’est difficile à voir où est le curseur de conscience de gravité, mais les mecs ne sont pas fous. Aujourd’hui, il y va de leur carrière, de la mienne aussi. Je pense qu’ils sont tous bien conscients de ça. On ne va pas tout jeter non plus. Nos matches sont moyens, moins bons que ceux que l’on a pu faire en préparation, on en a déjà parlé, on joue moins relâché donc on a toujours tout le temps le frein à main. A un moment donné, il faut faire les choses à fond, que ce soit vers l’avant ou l’arrière, et après il faut arrêter de discuter, se mettre au boulot, cavaler. Il n’y a pas d’autre issue. Si on en est là aujourd’hui, c’est qu’on n’a pas su se rebeller non plus. Pour moi, la grande réflexion est sur les matches à domicile. C’est ça qui nous manque aujourd’hui.

Propos recueillis par Romain PECHON

 

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